Le gouvernement britannique a annoncé mardi son soutien à la construction d'une troisième piste à l'aéroport londonien de Heathrow, mettant fin à des années de débat et voulant donner un signal d'ouverture sur le monde malgré le Brexit.
"En vue de donner un grand coup d'accélérateur à l'économie britannique, le gouvernement a annoncé aujourd'hui son soutien à une nouvelle piste à Heathrow", a souligné le ministère des Transports dans un communiqué, à l'issue d'une réunion du gouvernement.
"Une nouvelle piste à Heathrow bénéficiera aux passagers et à toute l'économie à hauteur de 61 milliards de livres (69 milliards d'euros). Elle entrainera la création de 77.000 emplois sur les 14 prochaines années", souligne le ministère.
La Première ministre, Theresa May, a ainsi voulu donner un signal fort pour rassurer sur l'avenir économique de la capitale britannique après l'incertitude créée par le vote pour une sortie de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin.
Le Parlement devra encore approuver l'an prochain la décision, après une phase de consultations. Theresa May, qui a hérité de ce dossier épineux, compte ainsi amortir les vives oppositions au projet de plusieurs ministres, d'associations écologistes et de résidents.
Le choix était entre une troisième piste à Heathrow, à l'ouest de la capitale, ou la construction d'une deuxième piste à Gatwick, au sud.
La perspective d'étendre encore le plus grand aéroport d'Europe, débattue depuis au moins 13 ans, hérisse de nombreux élus de la capitale et divise jusqu'au sein du gouvernement conservateur.
L'ancien maire de Londres et actuel ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a même menacé de faire barrage de son corps aux bulldozers et jusqu'à 60 députés conservateurs pourraient voter contre la décision du gouvernement, selon les médias britanniques.
- 'Nouvelle fantastique' -
La majorité des compagnies aériennes et des entreprises sont en revanche favorables à Heathrow.
Les milieux d'affaires réclamaient une décision rapide pour renforcer la capacité saturée de la mégapole et craignant de la voir prendre du retard pour la desserte des pays émergents.
"C'est une nouvelle fantastique d'autant plus que le pays a attendu cette décision pendant 50 ans", a réagi Paul Drechsler, président de la principale confédération patronale CBI. "Cela montre au monde entier que nous sommes vraiment ouverts aux affaires au moment où nous négocions notre sortie de l'UE", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Une trentaine de manifestants se sont réunis mardi matin devant le Parlement pour dénoncer le projet et les nuisances en termes de pollution atmosphérique et sonore pour les habitants de l'ouest et sud-ouest de Londres. Ils ont reconstitué une piste en plastique sur laquelle se sont allongés des militants vêtus de rouge.
Le gouvernement peut aussi s'attendre à une pluie de recours en justice: l'organisation écologiste Greenpeace a ouvert le bal mardi en se disant "prête à se joindre à quatre municipalités locales, y compris celle de Theresa May, pour déposer un recours contre le feux vert à une troisième piste", selon son directeur exécutif pour le Royaume Uni, John Sauven.
Créé en 1946, Heathrow a transporté 75 millions de personnes en 2015, desservant 185 destinations dans 84 pays. Il dispose actuellement de quatre terminaux et de deux pistes, et quelque 76.000 personnes y travaillent.
La construction de la nouvelle piste ne devrait pas intervenir avant 2020 au moins.