MANNHEIM(Reuters) - Le moral des investisseurs et des analystes allemands s'est amélioré en novembre pour la première fois de l'année, et bien plus que prévu, ce qui renforce l'hypothèse de voir la première économie européenne reprendre du souffle.
L'indice de l'institut ZEW publié mardi est ressorti en novembre à 11,5, soit un niveau nettement supérieur au consensus des analystes interrogés par Reuters, qui prédisaient une hausse modeste de 0,5.
Ce redressement intervient après 10 mois consécutifs de baisse, qui avaient fait plonger l'indice ZEW en territoire négatif (-3,6) en octobre, pour la première fois en deux ans.
L'euro a atteint un plus haut du jour contre le dollar et le rendement des obligations allemandes est reparti à la hausse après la publication de cet indice, calculé à partir des réponses de 220 analystes et investisseurs interrogés entre le 3 et le 17 novembre.
Certains économistes mettent toutefois en garde contre un excès d'optimisme dû à une interprétation hâtive de cet indice, qui demeure à un niveau relativement bas.
"Les récents chiffres de la croissance dans la zone euro donnent à penser que l'économie est en train de se stabiliser ce qui a contribué à la (...) hausse (de l'indice)", a commenté Clemens Fuest, le président de l'institut ZEW, en soulignant la fragilité du contexte global en raison de la persistence des tensions géopolitiques.
PRUDENCE
Tournée vers les exportations, l'économie allemande a pâti des tensions avec la Russie en raison de la crise en Ukraine et, dans une moindre mesure, des conflits au Proche-Orient.
L'Allemagne a évité de peu de plonger en récession au troisième trimestre 2014, avec une hausse modeste de 0,1% de son produit intérieur brut après une contraction de 0,1% sur les trois mois précédents.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont réduit leurs prévisions de croissance pour l'Allemagne. Le gouvernement d'Angela Merkel attend pour sa part une progression du produit intérieur brut (PIB) de seulement 1,2% en 2014 et de 1,3% en 2015.
Jennifer McKeown, économiste pour l'Europe chez Capital Economics, juge qu'il ne faut pas accorder une importance démesurée à une hausse mensuelle d'un indice volatil comme le ZEW.
"Cette étude indique que l'Allemagne sera bientôt à nouveau en pointe de la reprise de la zone euro mais, avec une croissance faible, cela ne garantira pas une reprise significative dans le reste de la région", dit-elle.
Le sous-indice ZEW de la situation actuelle est pour sa part passé de 3,2 en octobre à 3,3 en novembre, ce qui est là aussi supérieur au 1,8 attendu par les analystes.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Patrick Vignal)