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La Slovénie joue son va-tout pour éviter le recours à l'aide internationale

Publié le 09/05/2013 16:35
Mis à jour le 09/05/2013 22:35

La Slovénie, échaudée par les conditions drastiques imposées par l'Union européenne à Chypre pour une aide, a joué son va-tout jeudi avec la présentation par le gouvernement de centre-gauche d'un plan d'assainissement des finances publiques devant éviter ce recours.

Ce plan va être communiqué à la Commission européenne, qui aura à donner son avis - le 29 mai, a précisé un porte-parole - et déterminer si la Slovénie sera ou non le sixième pays de la zone euro à faire appel à une aide de l'Union européenne (UE), après Chypre, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et la Grèce.

Les spéculations sur une demande d'aide de l'ex-élève-modèle parmi les anciens pays communistes membres de l'UE, s'étaient renforcées après le sauvetage de Chypre, même si les deux cas diffèrent fortement: le secteur bancaire slovène représente 130% du Produit intérieur brut (PIB) quand les banques chypriotes représentent 800% du PIB.

Au cours d'une conférence de presse à Ljubljana, Alenka Bratusek, avec à ses côtés le ministre des Finances, Uros Cufer, a souligné qu'il s'agissait d'assainir les finances publiques, notamment le secteur bancaire public, au bord de l'implosion, et de stimuler la croissance.

Le secteur bancaire public croule sous une montagne de créances douteuses: environ sept milliards d'euros, soit 20% du PIB, la Slovénie, petit pays de deux millions d'habitants issu de l'ex-Yougoslavie communiste, payant ainsi sa décision de ne pas privatiser ses principales banques publiques lors de son indépendance, en 1991.

En conséquence, Ljubljana va injecter 1,3 milliard d'euros dans les banques publiques, ce qui aura pour conséquence le creusement du déficit public à 7,8% du PIB en 2013 -- contre 3,7% en 2012.

- Equilibre entre impôts nouveaux et économies --

Le plan d'assainissement comprend pêle-mêle des économies, des privatisations d'entreprises publiques, de nouveaux impôts et des augmentations d'impôts déjà en vigueur, économies et recettes nouvelles étant à l'équilibre, à 50/50. Ce plan est censé générer un milliard d'euros par an, selon Uros Cufer.

Parmi les mesures annoncées, le chef du gouvernement a créé une certaine surprise en renonçant, dans un premier temps, à "un impôt de crise" frappant tous les citoyens: "Nous sommes conscients que le renoncement à un impôt de crise aura un impact positif pour l'économie et c'est pourquoi nous avons choisi la solution qui aura le moins de conséquences négatives pour la croissance", a-t-elle déclaré.

Toutefois, si ce plan ne produisait pas les effets escomptés, alors "un impôt de crise" pourrait faire partie "d'un plan B", a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, le gouvernement a décidé d'augmenter la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à compter du 1er juillet -- le taux généraliste passant de 20 à 22% et le taux pour les produits de première nécessité augmentant de 8,5 à 9,5% -- et d'instaurer un impôt foncier et immobilier à partir de janvier 2014, cette dernière mesure ayant été initialement prévue pour 2015. Aucun chiffre de taux n'a été cité pour ce nouvel impôt.

Comme prévu, Alenka Bratusek a également annoncé que le gouvernement allait proposer au Parlement la privatisation à 100% d'entreprises publiques. Uros Cufer a précisé qu'elles seraient au nombre d'une quinzaine, notamment la banque NKBM, le groupe de télécommunications Telekom, la compagnie aérienne Adria Airways, l'aéroport de Ljubljana et le producteur agro-alimentaire Zito.

Si Alenka Bratusek et Uros Cufer ont annoncé une réduction du train de vie de l'Etat et des dépenses publiques, ils n'ont cependant donné aucune précision, renvoyant notamment à la délicate négociation en cours avec les syndicats sur une nouvelle réduction de salaires des fonctionnaires, qui avaient déjà diminué de 8% en 2012.

-- Maintien de "la totale souveraineté" --

Alenka Bratusek, au pouvoir depuis seulement sept semaines après le renversement au Parlement du gouvernement conservateur de Janez Jansa, a souligné que ce plan devait permettre à la Slovénie de "conserver sa totale souveraineté" tout en "correspondant aux critères de l'UE".

Enfin, elle a annoncé sa détermination à combattre énergiquement contre "l'économie grise", avec un renforcement de la législation contre le marché noir.

Un dirigeant de l'opposition conservatrice, l'ancien ministre Andrej Vizjak, a critiqué la hausse de la TVA qui aura "un impact négatif sur une économie luttant déjà pour survivre".

Si l'agence d'évaluation financière américaine Moody's avait rangé le 30 avril la note souveraine du pays dans la catégorie "spéculative", la Slovénie avait toutefois réussi à lever le 3 mai 2,7 milliards d'euros, avec une demande forte.

Autre atout du pays, son endettement total qui reste bien en-dessous de la moyenne européenne: 54,1% du PIB en 2012, contre 90,6% pour la zone euro.

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