FRANCFORT (Reuters) - L'inflation dans la zone euro s'est encore accélérée en août pour atteindre son niveau le plus élevé en dix ans, montre mardi la première estimation publiée par Eurostat, ce qui pourrait mettre à mal le discours de la Banque centrale européenne (BCE)sur une hausse temporaire des prix.
Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont augmenté de 3,0% par rapport à août 2020, après +2,2% en juillet. Il s'agit d'un chiffre bien supérieur au consensus Reuters qui prévoyait une hausse de 2,7% et à l'objectif de 2% de la BCE.
La hausse des prix de l'énergie est estimée à 15,4% en rythme annuel après une hausse de 14,3% le mois précédent, précise Eurostat. Ceux des biens industriels hors énergie ont augmenté de 2,7% sur un an, ceux de l'alimentation, de l'alcool et du tabac de 2,0%.
L'inflation sous-jacente, c'est à dire hors énergie et alimentation, surveillée de près par la Banque centrale européenne (BCE), affiche une hausse en août de 1,6% contre 0,9% en juillet. Et une mesure encore plus étroite qui exclut aussi l'alcool et le tabac a également augmenté de 1,6%, après +0,7%.
Ces chiffres risquent de susciter des débats au sein de la BCE qui a relevé à plusieurs reprises ses prévisions d'inflation cette année.
L'institution, qui s'est engagée à ne pas resserrer pour l'instant sa politique monétaire, fait valoir qu'une série de facteurs ponctuels liés à la reprise explique l'essentiel de la poussée inflationniste et que la croissance des prix ralentira début 2022.
Philip Lane, l'économiste en chef de la BCE, a déclaré mercredi dernier que le niveau relativement élevé de l'inflation observé ces derniers mois n'avait pas modifié son opinion sur le caractère temporaire de l'accélération de la hausse des prix, celle des salaires restant contenue.
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(Reportage Balazs Koranyi, version française Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)