PARIS (Reuters) - Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a dit ne pas croire que les attentats perpétrés à Paris puissent avoir un impact sur la croissance en France et dans la zone euro.
Dans un entretien à France Inter diffusé samedi mais enregistré la veille, Pierre Moscovici estime que les exemples passés en Europe ne laissent pas craindre de rechute économique après ces attaques qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés le 13 novembre.
"Je ne crois pas pour ma part que cette croissance soit affaiblie par ce qu'il se produit actuellement, ou menacée", a-t-il dit, alors que le gouverneur de la banque d'Italie, Ignazio Visco, s'est inquiété, lui, d'un poids négatif sur la reprise.
"Il y a eu des précédents, il y a eu des attentats très importants qui ont été faits à Londres, qui ont été faits à Madrid, il y a quelques années, et dans ces deux cas, ça n'a pas durablement et profondément ébranlé la croissance de ces pays."
Le 7 juillet 2005, une série d'attentats visant le système de transport londonien avait fait 52 morts et plus de sept cents blessés. A Madrid, en mars 2004, l'explosion de bombes dans des trains de banlieue avait fait 191 morts.
La croissance de la zone euro est attendue à 1,6% du PIB cette année, puis à 1,8% en 2016 et 1,9% en 2017, a rappelé Pierre Moscovici. Pour la France, les estimations de la Commission tablent sur 1,1% puis 1,4% et 1,7%.
"Ce qui est important c'est le facteur confiance (...) la confiance des acteurs économiques : oui, nos fondamentaux sont solides, il y a d'une part des facteurs extérieurs, les prix du pétrole qui sont extrêmement faibles, il y a une politique monétaire qui est accommodante", a souligné Pierre Moscovici.
"Et puis il y a des facteurs internes, les finances publiques qui sont saines, les réformes structurelles qui commencent à payer leurs fruits", a-t-il ajouté.
"Mais il faut aussi que la confiance soit psychologique. Il est très important d'avoir confiance dans ce que sont nos sociétés, des sociétés ouvertes certes mais des sociétés qui savent se protéger."
L'activité en France risque toutefois de se trouver dégradée temporairement. Air France a déjà dit voir un impact sur la fréquentation et de nombreux commerçants à Paris s'attendent à voir les ventes chuter.
La France a par ailleurs annoncé cette semaine un renforcement de sa sécurité pour un coût de 600 millions d'euros en 2016, et a prévenu que cela ne serait pas compensé par des économies nouvelles, donc s'ajouterait au déficit.
Pierre Moscovici avait alors jugé que cela ne devrait pas conduire à ce que la "trajectoire budgétaire française en soit spectaculairement modifiée" et a réaffirmé que la Commission tiendrait compte des circonstances exceptionnelles.
Sont prévues la création de 5.000 postes dans la police et la gendarmerie ces deux prochaines années, de 2.500 à la justice et 1.000 dans les douanes, et la stabilisation des effectifs de l'armée jusqu'en 2019.
(Gregory Blachier)