La grève dans l'aérien, principalement des pilotes, devrait encore perturber le trafic jeudi, pour le quatrième et dernier jour, avant une réunion vendredi au ministère des Transports qui déterminera la suite du mouvement dirigé contre un encadrement plus strict du droit de grève.
Air France prévoit d'assurer jeudi le même programme de vol que la veille, soit 65% de ses vols long-courriers et 75% de ses vols court et moyen-courriers, en incluant l'activité de ses filiales (Régional, Brit Air).
Malgré des centaines d'annulations préventives, la compagnie a dû à nouveau annuler jeudi des dizaines de vols à la dernière minute: 5% des vols court et moyen-courriers et trois vols long-courriers (Dubai, Osaka et Canton).
Les préavis avaient été déposés par l'ensemble des syndicats - pilotes, hôtesses et stewards, personnel au sol et prestataires -, mais les pilotes d'Air France sont restés à la pointe de la mobilisation.
Direction et syndicat continuaient mercredi leur bataille de chiffres: le SNPL, syndicat de pilotes de ligne très majoritaire à Air France, avançait un taux de grévistes de 60% pour mardi et mercredi, alors qu'un porte-parole de la compagnie citait un taux à 17H30 de 30% chez les pilotes, 15% chez les hôtesses et stewarts et quasi nul pour le personnel au sol.
Une réunion est prévue vendredi au ministère du Transport. Le SNPL s'y rendra avec "en tête que ce que l'on obtiendra ou pas (...) conditionnera la suite du mouvement", a indiqué à l'AFP Yves Deshayes, président du SNPL national.
La proposition de loi du député UMP Eric Diard, qui instaure notamment un préavis individuel de grève, a été adoptée fin janvier à l'Assemblée, sera examinée le 15 février au Sénat puis reviendra devant les députés.
"En fonction des propositions, on reconduira ou non la grève, pendant les vacances scolaires, le calendrier ne nous laisse pas le choix", puisque la session parlementaire s'achève début mars, a dit M. Deshayes.
Depuis lundi, l'ambiance est restée calme dans les aérogares, où comme à Roissy, 1.800 chambres d'hôtel étaient prêtes à accueillir les passagers bloqués, selon une source aéroportuaire. Nombre de passagers ont été prévenus en amont, avec parfois une solution alternative de voyage.
Air France a également facilité reports et annulations.
Le président du SNPL a souligné que "malgré l'impact de la grève (...) on n'a pas eu de trouble à l'ordre public dans les aéroports, tout s'est passé correctement, car les compagnies, avec un préavis qui était assez long (déposé le 22 décembre dernier, NDLR) et sans préavis individuel, ont réussi à s'organiser".
"La preuve est faite que cette loi n'est pas nécessaire ni utile", a-t-il conclu.
Le ministre des Transports Thierry Mariani a martelé de son côté qu'il était "hors de question" que le gouvernement "bouge sur le texte", qui est "non seulement utile, mais indispensable".
Ce texte veut encadrer le droit de grève dans l'aérien sur le modèle du dispositif mis en place en 2007 dans les transports terrestres.
Il prévoit d'imposer aux grévistes, sous peine de sanction, de se déclarer individuellement 48 heures à l'avance. Chacun devra aussi dire sa volonté de reprendre le travail 24 heures à l'avance, tandis que les compagnies devront communiquer des prévisions de trafic 24 heures en amont.
Cette grève, qui coûte de 8 à 10 millions d'euros par jour à la compagnie selon la direction, intervient alors que le groupe Air France-KLM a annoncé en janvier un plan d'urgence visant à économiser deux milliards d'euros sur trois ans. Vendredi se tient également un comité central d'entreprise censé lancer un vaste chantier de renégociation des accords d'entreprise.