La Bourse de Paris qui s'oriente vers une période prudente, se met à rêver d'une intervention de la Banque centrale européenne pour sortir du marasme économique en zone euro et profiter des importants flux de liquidités qui circulent sur les places financières.
Après une semaine de 4 jours (lundi était férié), l'indice CAC 40 a perdu 1,81% pour terminer vendredi à 3.663,48 points. Depuis le début de l'année, ses gains sont ramenés à 0,62%.
Le marché est "entre deux eaux" et "après avoir été porté par les politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales et notamment celle de la Reserve fédérale américaine, il attend désormais d'autres catalyseurs pour poursuivre sa marche en avant", résume Renaud Murail, gérant de portefeuilles chez Barclays Bourse.
Parmi les interrogations des investisseurs celle sur la réelle situation économique de la zone euro. "Avons-nous atteint un point bas conjoncturel? le pire est-il derrière nous? Des questions, pour l'instant sans réponse, et qui freinent clairement la progression de la cote parisienne", souligne M. Murail.
Pour Aymeric Diday, gérant chez Pictet, le marché boursier profite certes des massives injections de liquidités par les banques centrales, "mais maintenant il se cherche, au sortir de la crise chypriote, et a besoin d'autre chose car ces politiques accommodantes commencent à montrer leur limite en l'absence de reprise économique".
Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), a refroidi les marchés européens en se montrant très préoccupé jeudi par la situation en zone euro, lors de sa conférence de presse mensuelle.
"La faiblesse économique s'est poursuivie en début d'année. Une reprise progressive est attendue dans la deuxième partie de l'année mais sujette à des risques à la baisse", a-t-il déclaré.
les inverstisseurs rèvent d'un "nouveau Supoer Mario"
Ce discours peu encourageant, "sans engendrer pour autant de catastrophisme, devrait se traduire sur les prochaines semaines par la poursuite de la phase de consolidation sur les indices européens, qui a débuté mi mars,", prévoit Barclays Bourse.
Seul un discours volontariste de la BCE et des mesures concrètes pourraient permettre de sortir de l'ornière. Et les investisseurs se prennent à rêver d'un "nouveau super Mario" (Draghi), à l'instar de celui qui, grâce à quelques mots prononcés en juillet 2012, avait réussi à enflammer les Bourses.
Dans les salles de marché le discours est en effet unanime: la BCE doit agir pour éviter le pire à la zone euro et l'aider à rattraper son retard face aux Etats-Unis. L'essentiel est d'aider la machine économique à repartir en redonnant du souffle aux entreprises qui souffrent de la contraction du crédit au secteur privé.
"La BCE est au pied du mur et va devoir agir en combinant baisse des taux et mesures non conventionnelles", souligne-t-on au CM-CIC.
Marc Touati, économiste chez ACDEFI, estime que la banque centrale "ne doit plus rester sourde et prendre des décisions en commençant par une baisse de son taux directeur (...) car, soyons lucides, les dernières statistiques publiées sont catastrophiques. Ils montrent que la récession va encore empirer et que le chômage va battre de nouveaux records".
Dans ce contexte européen difficile, la reprise qui se dessine aux Etats-Unis n'est pas suffisante pour calmer les inquiétudes des investisseurs.
Pour preuve, nombreux sont ceux, qui comme le gérant La Française AM, indiquent "diminuer leur part d'exposition sur les marchés européens car les risques de baisse semblent plus importants que les éventuelles forces de rappel".
La semaine prochaine les marchés auront peu d'indicateurs macroéconomiques significatifs à se mettre sous la dent et devraient évoluer dans des marges étroites. Ils seront attentifs aux publications des premières sociétés américaines sur le premier trimestre.