Les constructions de logements neufs ont reculé de 5% d'août à octobre sur un an, à 72.785, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement.
En parallèle, le nombre de permis de construire accordés pour des logements neufs, un indicateur qui renseigne sur les futures mises en chantier, a régressé de 3,9% sur la période, à 98.017.
Après un léger rebond - sur le trimestre achevé à fin août, puis à fin septembre - les permis de construire sont donc à nouveau dans le rouge.
Plusieurs facteurs expliquent la poursuite de la dégradation, analyse François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui cite "la rareté et la cherté du foncier, la hausse de 50% des coûts de construction en dix ans et la fiscalité de l'immobilier, qui est l'une des plus élevées d'Europe".
"La légère amélioration constatée en août pour la délivrance de permis de construire et les mises en chantier n'a pas duré et nous poursuivons la descente. Pour qu'il y ait vraiment un retournement de cycle, nous avons besoin de séries plus longues", commente M. Payelle, qui souligne toutefois que ces chiffres sont "cohérents" avec le recul des indicateurs de ventes de logements neufs annoncé la semaine dernière pour le troisième trimestre.
Loin de l'objectif annuel de construction d'un demi-million de logements que s'était fixé le gouvernement, les analystes tablent plutôt sur une stagnation ou un recul par rapport aux 331.867 logements mis en chantier en 2013.
Jean-Michel Six, chef économiste pour l'Europe à Standard & Poor's, prévoit ainsi un "léger recul" des constructions en 2014, à 300.000 logements.
"Si l'on rapporte ces chiffres à l'évolution démographique, c'est comme si nous étions retombés au niveau atteint à la fin des années 1940, ce qui est très mauvais", observe-t-il.
- Pilier de croissance -
Par type de logement, les mises en chantier de logements ordinaires sont ressorties en baisse de 6,4%, à 66.984 unités, d'août à octobre, selon les statistiques publiées par le ministère du Logement.
Celles des logements en résidence (pour seniors, étudiants, de tourisme), un secteur plus restreint et qui a bien mieux résisté à une conjoncture économique morose ces derniers mois, ont en revanche progressé de 15,4% à 5.801 unités.
Sur les 12 mois écoulés entre novembre 2013 et octobre 2014, le nombre de logements neufs mis en chantier affiche encore un recul de 11,4% à 301.240 unités.
"Le secteur de la construction est un pilier de croissance qui ne joue plus du tout son rôle, alors qu'il y a une vraie pénurie de logements dans les grandes agglomérations françaises", analyse Jean-Michel Six.
Le plan de relance annoncé fin août par le Premier ministre Manuel Valls pour favoriser les cessions de terrain à bâtir et l'accession à la propriété n'ont pas encore eu, selon lui, l'impact escompté sur le secteur.
"Dans un contexte de négociations sur le budget de la France avec Bruxelles, le marché se doute que le gouvernement n'aura pas de grande marge de manoeuvre en matière de relance", relève l'économiste, pour qui "les incertitudes dans le domaine fiscal ont beaucoup pesé sur l'investissement dans l'immobilier alors même que les conditions de financement sont attrayantes avec des taux d'intérêt bas".
Selon l'Insee, le secteur de la construction (bâtiment et travaux publics) est le principal frein à la croissance en France, et lui coûtera 0,4 point de produit intérieur brut (PIB) cette année.
"Il est urgent de voir les ventes se redresser", souligne François Payelle, de la FPI, "car plus on mettra en vente, plus on déposera de permis de construire et plus les mises en chantier augmenteront".
"Un logement neuf, ce sont deux emplois directs et non délocalisables", rappelle-t-il.