Les tests de résistance effectués par la banque centrale américaine (Fed) ont montré que le secteur bancaire avait tourné la page de la crise, estimaient mercredi des analystes, même si l'état de santé de la troisième plus grande banque du pays, Citigroup, inquiète encore.
"Aucune banque n'a reçu l'ordre de se recapitaliser", a souligné Erik Oja, analyste chez Standard and Poor's.
"C'est très différent de la situation d'il y a trois ans, où on leur a ordonné à toutes de se recapitaliser", ajoute-t-il, "et c'est très impressionnant si l'on compare avec les banques européennes qui, de fait, doivent se recapitaliser".
Le marché a applaudi: après un premier bond de plusieurs valeurs bancaires dès mardi soir, l'indice des valeurs du secteur était en hausse de 1,56% vers 17H00 GMT à la Bourse de New York.
De fait, sur 19 institutions financières testées par la Réserve fédérale, 15 ont reçu l'autorisation de dépenser leur capital comme elles l'entendaient, et en particulier de rémunérer les actionnaires par le biais de hausses du dividende ou de rachats d'actions.
Mais pas Citigroup qui, avec ses quelque 1.874 milliards de dollars d'actifs, compte de toute évidence parmi les établissements systémiques du pays, ceux dont une défaillance aurait des conséquences dévastatrices sur l'ensemble de l'économie.
La banque a nié mercredi matin avoir "échoué" aux tests de résistance, affirmant qu'elle disposait bien du capital nécessaire pour résister au scénario d'une grave crise retenu par la Fed (recul de l'activité aux Etats-Unis, en Europe et au Japon cette année, un chômage à 13%, et une chute de l'indice Dow Jones de 50% en moins d'un an).
Dans son communiqué mardi soir, la Fed avait indiqué que l'ancien numéro un mondial, sauvé de la faillite par l'Etat en 2008, avait échoué de justesse sur deux critères: compte tenu des dépenses qu'avait prévues la banque, ses fonds propres durs descendraient sous la limite réglementaire (4,9%, contre 5% requis) et son effet de levier ("Tier 1 leverage ratio") également (2,9%, contre 3% requis).
"Les objections de la Fed à notre plan d'utilisation du capital ne signifient pas un échec au stress test", a assuré la banque new-yorkaise, qui souligne en substance que, puisqu'elle n'est pas autorisée à augmenter son dividende, ses fonds propres durs restent à 5,9%.
Pour Ralph Silva, analyste chez Silva Research, basé à Londres, le fait que Citi ait un niveau de capitalisation si proche de la limite a valeur d'avertissement.
"Je suis ébahi et surpris de l'optimisme du marché américain", a dit M. Silva, interrogé par la station de radio American Public Media. "La taille de Citi et la capacité de Citi, à elle seule, à mettre à terre tout le secteur bancaire me fait croire qu'il y a quelque chose d'assez gros qui nous échappe".
Citigroup, qui avait bondi de 6,30% mardi dans la foulée de JPMorgan, la première à annoncer son succès aux stress tests, chutait de 2,89% mercredi à la mi-journée, à 35,39 dollars.
M. Oja a noté que le marché avait espéré que Citi puisse porter son dividende de 1 à 5 cents par action, d'où la déception.
L'activité de cartes de crédit, principalement, n'a pas été suffisamment assainie chez Citigroup, selon lui: "cela met en cause la direction de Citi, parce que je ne crois pas qu'elle ait vraiment révélé l'importance du risque dans son portefeuille".
"Il va falloir qu'elle continue" à céder des actifs, "et cela va prendre des années", selon lui.
Consolation: si les critères retenus par la Fed restent imprécis, du moins le scénario du pire qu'elle a retenu semble improbable, avec un chômage sur la pente décroissante aux Etats-Unis et un marché immobilier en voie de stabilisation.