La trêve estivale est dans l'industrie souvent synonyme de travaux de maintenance, voire de rénovation de sites industriels, mais dans certaines branches saisonnières comme la production de vaccins contre la grippe, l'été devient une "course contre la montre".
Vacances d'été obligent, les constructeurs automobiles ferment traditionnellement leurs portes.
Chez Renault (PARIS:RENA), cette pause, qui varie d'une à quatre semaines dans les 17 usines en France et en Europe, est l'occasion d'effectuer au minimum "des travaux d'adaptation - maintenance, remplacement ou mise aux normes du matériel - pour rester au diapason de l'efficacité industrielle", explique à l'AFP Céline Furet, une des porte-paroles du groupe automobile.
Quand ce n'est pas une reconfiguration industrielle profonde comme cette année dans l'usine de Flins (Yvelines).
"Le site est fermé pour quatre semaines mais il est très loin d'être endormi parce que 500 personnes interviennent" sur 220 chantiers, précise Olivier Talabard, directeur de l'usine, créée en 1952, qui compte aujourd'hui quelque 2.400 salariés.
L'objectif est "gigantesque" pour le responsable: moderniser toutes les sections du site (emboutissage, tôlerie, peinture et montage) et préparer l'arrivée de la nouvelle Micra qui y sera fabriquée dès la fin 2016.
Il aura fallu plus d'un an pour préparer cette première étape, "vraiment essentielle", d'une refonte qui s'opèrera sur trois ans et dans laquelle Renault investira 100 millions d'euros.
"On touche le plan de surface de l'usine parce qu'on déplace des zones de production complètes", explique M. Talabard, évoquant "un saut technologique très important" censé notamment "préparer la performance" de la nouvelle chaîne de montage "pour les 10-20 ans à venir".
Mais à l'exception des industries lourdes, l'arrêt d'été est "beaucoup moins systématique qu'avant", souligne Vincent Moulin Wright, directeur général du Groupe des fédérations industrielles (GFI).
"La nécessité technique est moins forte, les usines très modernes pouvant tourner en continu" tandis que "le besoin de flexibilité de la production est de plus en plus fort", pointe-t-il.
- 150 millions de vaccins fabriqués fin août -
L'usine de jouets Meccano à Calais (Nord), qui compte 65 employés, a renoncé pour la première fois cet été à sa fermeture annuelle de 15 jours. Racheté en 2013 par le canadien Spin Master, spécialiste des figurines et des engins radiocommandés, Meccano fabrique désormais sur son site calaisien d'autres produits de son nouveau propriétaire.
"Probablement à l'avenir nous ne fermerons plus l'usine" l'été, prédit son directeur, Mattei-Constantin Theodore, pour qui l'entrée dans le giron d'un grand groupe permet "d'adapter plus facilement la fabrication" et d'"éviter des surchauffes".
En revanche, pour certaines activités à la saisonnalité marquée, l'été peut devenir "une course contre la montre", comme le souligne Philippe Ivanes, directeur du site Sanofi-Pasteur de Val-de-Reuil (Eure) où s'élabore environ 20% de la production mondiale de vaccins anti-grippe, le plaçant en tête des fabricants sur ce segment, selon les données de l'entreprise.
Sur ce site normand, 500 personnes s'activent quotidiennement pour que 150 millions de doses de vaccin anti-grippe soient prêtes à être distribuées dans l'hémisphère nord à la fin du mois d'août.
"On ne peut pas anticiper car c'est l'OMS (Organisation mondiale de la santé) qui donne le feu vert dès février en nous fournissant les souches (virales) pour composer le vaccin et notre échéance est le début des campagnes de vaccination ou le moment auquel les gens veulent se faire vacciner", développe M. Ivanes.
L'été "est une période critique où l'on ne peut pas avoir de décalage", poursuit-il, car trois étapes de fabrication -- mélange de souches, remplissage de flacons et seringues puis emballage -- se superposent, sans compter les contrôles nécessaires à chaque stade de la production.
Avec à la ligne d'arrivée, l'obligation de répondre à "un besoin de santé publique", la grippe représentant entre 250.000 et 500.000 décès par an dans le monde, selon le responsable du site.
Fin août, les équipes mobilisées sur ce vaccin pourront ralentir le rythme jusqu'à début octobre avant de repartir "avec les mêmes enjeux, le même challenge" jusqu'à fin janvier cette fois pour fournir l'hémisphère sud.