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Faute de croissance, les tensions sur les marchés devraient perdurer

Publié le 10/04/2012 18:15

Malgré les milliards d'euros déversés par la Banque centrale européenne, les marchés financiers connaissent un nouvel accès de fièvre qui ne devrait guère s'estomper tant que l'espoir d'une reprise économique plus solide ne sera pas au rendez-vous en zone euro.

Après un solide premier trimestre, les Bourses européennes accusent un net repli depuis le début du mois. En une semaine, Paris a perdu 6%, Madrid 7% et Milan 9,5%.

Même regain de tensions sur le marché obligataire où les investisseurs répugnent de nouveau à acheter des titres de dette émis par des pays jugés peu fiables, au premier rang desquels l'Espagne qui voit ses taux d'emprunt nettement remonter.

"Il y a eu un excès d'euphorie au premier trimestre, qu'on est en train de payer cher aujourd'hui. On a notamment trop attendu des opérations de la Banque centrale européenne", commente Gilles Moec, chef économiste à la Deutsche Bank.

L'institut monétaire a prêté plus de 1.000 milliards d'euros aux banques de la zone euro en décembre et en février au taux d'intérêt très favorable de 1%. Mais ces dernières ont au final peu investi dans les dettes des Etats, préférant consacrer une grande partie de cet argent frais à leur propre désendettement et la BCE ne prévoit pas de réitérer l'opération.

De l'autre côté de l'Atlantique, la Réserve fédérale américaine continue de prêter à un coût très faible, mais elle a récemment douché les espoirs en faveur de la mise en place d'autres mesures exceptionnelles à l'économie.

Pour Christian Parisot, chez le courtier Aurel BGC, "le marché réalise que le salut ne peut plus venir des actions des banques centrales. Il se focalise donc de nouveau sur la croissance".

Or, de ce point de vue, les mauvaises nouvelles sont légion: la zone euro devrait retomber en récession dès le premier trimestre, et celle-ci devrait être particulièrement sévère dans les pays d'Europe du sud.

Lisbonne prévoit une contraction de 3,4% de son économie en 2012, Rome table désormais sur un recul de 1,3% à 1,5%, selon le journal italien Il Sole, et Madrid anticipe un repli de 1,7%.

-Essoufflement dans les pays émergents-

Même si l'endettement de l'Espagne n'a rien à voir avec la Grèce, "le marché craint une crise des +subprimes+ à l'européenne car les banques du pays sont très exposées au secteur de l'immobilier en plein marasme", relève Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.

Madrid s'est doté d'un programme de rigueur sans précédent, mais "les investisseurs s'interrogent sur sa faisabilité vu le taux de chômage record", ajoute-t-il.

Autre motif d'anxiété, les pays émergents, longtemps perçus comme un remède à même de combler les faiblesses de l'économie européenne, montrent aussi des signes d'essoufflement.

Les dernières statistiques chinoises font état d'un fléchissement de la consommation intérieure et confirment le ralentissement entamé depuis plusieurs mois.

Dans ce contexte morose, "les marchés ne cèdent pas encore à la panique, comme à l'été dernier car certains remèdes ont été mis en place", notamment un pare-feu financier européen de 800 milliards d'euros, "mais on voit mal comment les investisseurs pourraient retrouver durablement leur optimisme", juge M. Moec.

Après une récession au premier trimestre, les experts tablent sur une lente reprise avec une croissance atone à partir de l'été en Europe.

Pour Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis Asset Management, il faut d'ici là des choix politiques clairs pour rassurer, mais ceux-ci sont à double tranchant.

"Un pays peut relancer son économie par des mesures de soutien au risque de creuser encore davantage ses finances publiques. Il peut aussi mettre en place des réformes strictes pour améliorer certains secteurs. Mais, il devra alors accepter de passer par une phase de récession".

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