La France a emprunté jeudi 3 milliards d'euros à 10 ans au taux le plus bas de son histoire, confirmant l'attrait de la dette du pays auprès des investisseurs à quelques semaines de la présentation du budget 2013 et dans un contexte d'incertitudes en zone euro.
Le pays a emprunté cette somme au taux de 2,21%, contre 2,53% lors de la dernière opération similaire le 5 juillet. Le taux obtenu, qui témoigne de l'appétit des investisseurs pour les titres de dette française, efface le précédent record qui était de 2,46% le 7 juin.
"Cela confirme la bonne tenue de la dette française dans son ensemble et c'est toujours bon pour les finances publiques", indique Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis.
Cette performance est conforme à l'évolution de la dette française sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.
Sur ce marché, le taux navigue autour de ses plus bas historiques et a frôlé les 2% en août. La France a même réduit l'écart récemment avec l'Allemagne, dont la dette fait pourtant office de valeur refuge, alors qu'a contrario, les taux des pays plus fragilisés par la crise (Espagne et Italie notamment) suivent une tendance à la hausse et se situent à des niveaux difficilement soutenables sur la durée.
La dette française est considérée comme relativement sûre par les investisseurs, dans un contexte de grande incertitude en zone euro. Elle offre en outre un rendement un peu plus élevé --et donc attractif-- par rapport à celle de l'Allemagne.
La France bénéficie par ailleurs de taux négatifs pour ses emprunts de court terme, notamment sur les échéances à 3 et 6 mois, signe que les investisseurs sont prêt à perdre de l'argent pour prêter au pays.
Lors de l'opération de jeudi, Paris a également emprunté 1,53 milliard d'euros à échéance 5 ans au taux de 1,05% et 3,45 milliards à échéance 15 ans au taux de 2,85%. Pour cette dernière échéance, il s'agit aussi d'un record.
Suspendus à la réunion de la BCE
Cet emprunt a lieu alors que les marchés sont suspendus à la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), dont les conclusions seront rendues publiques en début d'après-midi.
Ils espèrent des précisions sur l'éventuel nouveau programme de rachat de dette publique, qui devrait se concentrer sur les échéances courtes, afin d'aider les pays les plus vulnérables de la zone euro.
Cette perspective a déjà permis aux taux de court terme de se détendre très nettement ces derniers jours, pour des pays comme l'Espagne et l'Italie.
La France continue par ailleurs de séduire les marchés alors qu'elle s'apprête à la fin du mois de septembre à présenter son projet de loi de finances pour 2013, sous le regard des investisseurs.
"Pour l'instant, l'analyse sur la France n'est pas si mauvaise que ça. Tant que le pays arrive à réduire son déficit comme prévu sans tomber en récession les investisseurs ne seront pas inquiets", estime M. Robin.
Le gouvernement s'est notamment engagé à réduire le déficit de 4,5% du produit intérieur brut cette année à 3% en 2013. Pour tenir son engagement et compte tenu du ralentissement économique, il va devoir trouver plus de 30 milliards d'euros.
Selon le stratégiste, la clé réside en partie dans la capacité du pays à maintenir de la croissance.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déjà annoncé que la prévision de croissance pour 2013 serait inférieure au chiffre de 1,2% prévu auparavant.
Enfin, la France, privée de son triple A par Standard and Poor's en début d'année, est toujours suivie de près par les agences de notation.
Moody's a déjà prévenu qu'elle serait peut-être amenée à se prononcer vers la fin septembre sur la note, actuellement Aaa soit la meilleure possible, mais avec une perspective négative.