La Bourse de Paris, focalisée sur les politiques monétaires, attend beaucoup de la Banque centrale européenne (BCE), espérant un nouveau geste de soutien lors de sa réunion qui sera l'événement marquant de la semaine prochaine.
Lors de la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a pris 3,02% pour terminer vendredi à 4.381,04 points. Ses gains depuis le 1er janvier atteignent désormais 1,98%.
Le marché parisien n'a quasiment que la BCE en tête depuis quelques jours et cela devrait être encore le cas jusqu'à sa réunion prévue jeudi prochain.
Ces considérations sur la politique monétaire l'emportent sur tout autre sujet, que ce soit l'annonce mardi dernier d'un nouveau gouvernement en France ou les tensions géopolitiques toujours vives en Ukraine.
"La réunion de la BCE est indéniablement l'événement marquant de la rentrée et on peut penser que les attentes sont beaucoup trop fortes", relève Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.
Comme d'habitude, l'institution rendra sa décision sur ses taux jeudi en début d'après-midi avant la conférence de presse toujours très attendue de son président Mario Draghi. La BCE en profitera pour dévoiler ses nouvelles perspectives économiques.
La pression est grande sur l'institution monétaire qui se trouve face à un risque déflationniste et une croissance économique à l'arrêt en zone euro.
Dans un discours en fin de semaine dernière aux Etats-Unis, Mario Draghi s'était d'ailleurs inquiété des anticipations d'inflation, alimentant les spéculations autour de nouvelles mesures de soutien, certains misant même sur un programme de rachat d'actifs.
"Mario Draghi emporte tout sur son passage" et "la probabilité qu'il fasse de nouvelles annonces est forte, en particulier en ce qui concerne le marché des Asset Backed Securities (titrisation, ndlr), voire les taux directeurs", prévoit François Duhen, stratégiste chez Crédit Mutuel-CIC.
-Risque de déception-
Pour Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC, "la BCE annoncera quelque chose, mais rien de massif", alors ques les mesures annoncées en juin n'ont pas toutes être lancées, notamment les prêts exceptionnels et ciblés aux banques.
"La BCE n'a aucun raison de brûler ses cartouches, d'autant qu'elle en a peu pour influencer le devenir économique de la zone euro", prévient M. Dembik.
D'où un risque de déception fort, à la hauteur des attentes suscitées par ce rendez-vous, alors que les derniers chiffres d'inflation en zone euro restent faibles, mais ne vont pas dans le sens d'une aggravation des risques de déflation.
Le soutien de la BCE est d'autant plus important pour les marchés qu'ils vont devoir apprendre à se passer progressivement de l'aide de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Cette dernière va mettre un terme à son programme de rachat d'actifs en octobre, avant de réfléchir à une remontée de ses taux, qui marquerait un resserrement de sa politique monétaire si favorable aux marchés, une échéance prévue mi-2015 en cas d'amélioration notable de l'économie.
C'est la raison pour laquelle les investisseurs vont suivre attentivement les indicateurs américains au programme la semaine prochaine, qui sont nombreux et parmi les plus importants du mois.
L'agenda sera dominé par le rapport mensuel sur l'emploi pour août publié vendredi ainsi que l'indice ISM d'activité dans l'industrie. Les marchés américains seront en outre fermés lundi en raison d'un jour férié.
"Chaque fois que des indicateurs seront en nette amélioration, les anticipations d'une hausse des taux plus tôt qu'anticipé vont augmenter", prévient M. Mourier.
Mais, selon lui, cela devrait davantage avoir une influence sur le marché obligataire que sur les indices boursiers.
M. Dembik rappelle ainsi que "la tendance de fond reste à la hausse sur les marchés boursiers, en dépit de la baisse de juillet et août".
Selon lui, "le marché sait que d'une manière ou d'une autre les politique monétaires des grands banques centrales occidentales vont être accommodantes pendant un moment".