Toyota, numéro un mondial de l'automobile, s'est vu décerner jeudi le label "Origine France Garantie" (OFG) pour son modèle Yaris et espère toucher la fibre patriotique des consommateurs avec cette petite citadine produite près de Valenciennes (Nord).
"Quelle meilleure reconnaissance pouvait-on avoir de notre implantation en France? Cela montre que produire en France reste possible", a souligné Makoto Sano, président de l'usine d'Onnaing (TMMF) qui construit la Yaris depuis 2001, au cours d'une cérémonie.
Ce modèle de citadine compacte est le premier véhicule grand public à obtenir cette certification, accordée l'été dernier par l'association Pro France à l'issue d'un audit du Bureau Veritas.
Toyota a été suivi depuis par PSA, qui a obtenu la labellisation de six véhicules cette semaine, les Peugeot 508, 3008 et 5008, et les Citroën DS3, DS4 et DS5.
Renault en revanche, a pour l'instant décidé de bouder ce label, disant considérer que sa marque et son histoire étaient suffisantes pour garantir son image de constructeur français.
Président de Pro France, le député UDI de Seine-et-Marne Yves Jego a ironisé en pointant que le constructeur au losange produit aussi à l'étranger des voitures qui "probablement qui ne rentreraient pas dans les critères".
Deux critères cumulatifs sont nécessaires à l'obtention du label OFG: l'essentiel de la fabrication du produit doit avoir été assuré en France et la moitié au moins de sa valeur unitaire doit y avoir été générée. Pour la gamme Yaris de Toyota, ce taux est de 54,4%.
Depuis 2011, le label OFG, soutenu par la présidence Sarkozy, puis le gouvernement actuel, a été obtenu par 300 entreprises, allant de la bière Kronenbourg en passant par les biscuits St Michel, les cuisinières Brandt ou les skis Rossignol.
Meilleure visibilité
Il se veut plus fiable que le "Made in France" des douanes qui correspond surtout à la dernière phase de transformation d'un produit.
"Bien sûr cela prend plus de temps d'auditer les 3.000 pièces de la Yaris que la fabrication de la galette St Michel" mais c'est une certification "tangible", assure à l'AFP Jacques Matillon, directeur général du Bureau Veritas certification France.
Un avis que ne partage pas Eric Pecqueur, délégué CGT de l'usine d'Onnaing pour qui un tel label pour un constructeur japonais, qui fabrique en France un véhicule dont près de 90% de la production est destinée à l'exportation, n'a pas de sens.
"C'est bidon : On assemble des pièces qui viennent du monde entier, les faisceaux électriques viennent de Pologne, la colonne de direction de Tchéquie, la visserie du Japon...", explique-t-il.
"Ce label nous donne une grande visibilité", rétorque Pascal Ruch, président de Toyota France, rappelant que l'origine d'un produit est le troisième critère d'achat pour les consommateurs, derrière le coût et la qualité.
Le côté "couleur locale" est important pour Toyota, notamment auprès des acheteurs de flotte professionnelles qui préfèrent acheter français, renchérit Alain van Vyve, vice-président administration de TMMF.
Un discours relayé par le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, qui a estimé jeudi que le label obtenu par Toyota "fait la démonstration que le made in France automobile innovant est compétitif y compris à l'export".
Toyota exporte la Yaris fabriquée à Onnaing dans plus de 40 pays et a démarré le 6 mai la production d'une version "américaine" du véhicule. Il compte en exporter 25.000 exemplaires annuellement vers les Etats-Unis, le Canada et Porto Rico.