Le constructeur automobile américain Chrysler a publié lundi son premier bénéfice trimestriel depuis cinq ans, étape clé deux ans après le dépôt de bilan, alors qu'il prépare le désengagement progressif des Etats américain et canadien.
Le bénéfice net du premier trimestre s'affiche à 116 millions de dollars, alors qu'il y a un an à la même époque le plus petit des trois constructeurs américains avait publié une perte nette de 197 millions de dollars. En 2010 il avait été le seul à ne publier aucun bénéfice, alors que Ford et General Motors revenaient dans le vert.
Selon le cabinet spécialisé Edmunds.com, c'est la première fois depuis le deuxième trimestre 2006 que Chrysler affiche un bénéfice trimestriel - à l'époque le groupe appartenait à l'allemand Daimler.
"L'humeur qui règne (chez Chrysler) est la fierté, et je pense le réconfort de savoir que nous avançons selon les prévisions", a commenté le directeur général Sergio Marchionne lors d'une téléconférence avec des analystes. "Je crois que la maison avait besoin d'entendre cela".
Pour autant le patron sait que le groupe n'est pas encore totalement sorti d'affaires: "la réussite est incroyablement temporaire, le premier trimestre est fait, mais nous avons encore beaucoup de trimestres à faire", a-t-il ajouté.
Le groupe a réaffirmé qu'il comptait dégager un bénéfice sur l'ensemble de l'année à hauteur de 200 à 500 millions de dollars, mais l'opération de refinancement qu'il prépare pourrait en fait déboucher sur un résultat net compris entre une perte de 200 millions de dollars et un surplus de 100 millions de dollars, compte tenu d'une charge comptable.
"La valeur actuelle de notre dette dans nos livres de comptes est de 7 à 7,1 milliards de dollars, mais la valeur nominale est plus élevée à hauteur d'un demi-milliard de dollars", a justifié le directeur financier Richard Palmer lors d'une téléconférence avec des analystes, indiquant que cette différence devrait être comptée comme une charge au deuxième trimestre.
En revanche, le groupe compte économiser 100 millions de dollars en paiement d'intérêts dès le second semestre, si bien que la charge nette sur le résultat annuel devrait être limitée à 400 millions de dollars.
La prévision de chiffre d'affaires annuel est maintenue à plus de 55 milliards de dollars, après déjà 13,1 milliards de dollars réalisés au premier trimestre. Un résultat appuyé sur une hausse de 18% des volumes de ventes, avec 394.000 véhicules vendus, dont 60% de modèles nouveaux et remaniés, et des prix relevés.
"Chrysler mérite d'être félicité", a souligné l'analyste Michelle Krebs, du cabinet Edmunds.com. "Les gens étaient sceptiques sur sa capacité à survivre, mais maintenant c'est une société à surveiller, malgré les difficultés qui restent".
Le groupe a par ailleurs précisé lundi les modalités de l'opération de refinancement, qui lui permettra de solder d'ici à la fin juin 7,5 milliards de dollars de créances très coûteuses auprès des gouvernements américain et canadien.
Chrysler prévoit désormais d'émettre pour 2,5 milliards de dollars d'obligations à échéance de 8 et 10 ans, qui seront proposées à des investisseurs institutionnels. Par ailleurs il compte sur une facilité de crédit de 3,5 milliards de dollars à échéance six ans, et une ligne de crédit renouvelable de 1,5 milliards de dollars à échéance cinq ans.
M. Marchionne a par ailleurs évoqué l'impact du séisme au Japon pour estimer le manque à gagner, en volumes de vente, entre 50.000 et 100.000 voitures pour l'ensemble de l'année. "Cela va mieux", a-t-il dit, "nous pensons que nous retrouverons un niveau de normalité d'ici au quatrième trimestre".