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Tsipras demande des élections pour raffermir sa base

Publié le 21/08/2015 07:08
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, présente sa démission le 20 août 2015 au président de la République grecque, à Athènes (Photo LOUISA GOULIAMAKI. AFP)

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, présente sa démission le 20 août 2015 au président de la République grecque, à Athènes (Photo LOUISA GOULIAMAKI. AFP)

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras n'a pas perdu de temps jeudi après avoir obtenu le versement de 23 milliards d'euros dans le cadre du nouveau plan d'aide à la Grèce : il a démissionné, pour espérer raffermir sa base lors de nouvelles élections.

"Maintenant que la phase difficile (de négociations) est terminée", "je voudrais soumettre à votre jugement ce que nous avons accompli", a déclaré M. Tsipras lors d'un courte allocution télévisée vers 20h30 locales (17h00 GMT).

Disant avoir "la conscience tranquille", et assurant avoir "résisté aux pressions et aux chantages", il est ensuite allé présenter sa démission au président de la République, Prokopis Pavlopoulos.

Selon son entourage, M. Tsipras souhaiterait que le scrutin se tienne le 20 septembre.

Cette annonce, qu'on n'attendait pas si tôt, n'est cependant pas une surprise. Après avoir été élu en janvier sur un programme critiquant les deux précédents plans d'aide (mémorandums) imposés aux pays en 2010 et 2012 pour un montant total de 240 milliards d'euros, M. Tsipras a fini par en signer un troisième à son tour, le 13 juillet, pour éviter à son pays d'être peut-être expulsé de la zone euro.

Lors du vote de ce plan, le 14 août au Parlement, l'opposition l'a soutenu. Mais 43 des 149 députés de Syriza, son parti de gauche radicale, fidèles à leurs idées, et pour certains, favorables à un retour à la drachme, ne l'ont pas suivi, votant contre ou s'abstenant.

M. Tsipras, dont le nombre de soutiens (en comptant ceux de son allié ANEL) est ainsi tombé à 119 sur 300 députés, ne pouvait pas rester dans cette situation.

Populaire malgré ses revirements, auprès d'une population qui déteste généralement les deux principaux partis d'opposition, Nouvelle Démocratie (droite) et Pasok (socialistes), et lui accorde de ne guère avoir eu de solution de remplacement à ce qu'il a accepté des créanciers du pays, le Premier ministre espère bien ainsi rénover sa base.

Il dispose d'un atout-maître : pour cette deuxième élection en moins de 18 mois, la loi grecque dispose que les partis ne soumettent pas au vote des députés individuels, mais des listes par partis composés par les états-majors de ces derniers.

C'est ainsi que M. Tsipras pourra se débarrasser des plus virulents à sa gauche, sans aucun doute l'ancien ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis, leader des contestataires, et certainement la puissante et pointilleuse présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou.

- Panique, peur, embarras, inquiétude -

Dès jeudi soir, Iskra, le site de M. Lafazanis, peu avare de redondances, a accusé M. Tsipras d'être dans "la panique, la peur, l'embarras et l'inquiétude" pour agir ainsi.

En revanche, dès avant l'annonce officielle, le responsable du cabinet du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, Martin Selmayr, a tweeté : "des élections anticipées en Grèce peuvent être le moyen d'élargir le soutien" au plan d'aide.

Les créanciers ne cacheraient ainsi pas leur joie à la perspective de voir M. Tsipras allégé de ses anciens amis.

Marcel Fratzscher, économiste allemand qui conseille Sigmar Gabriel, le ministre de l’Economie allemand, a considéré également que ces élections sont "une bonne nouvelle économique". Selon lui "il y a de bonnes chances qu'elles amènent au pouvoir un gouvernement plus compétent et davantage pro-européen". Il a mis en garde toutefois contre les dangers "du vide politique à court terme".

L'agence Moody's craignait de son côté pour "la bonne mise en place du programme", voyant "un risque sur les prochains versements d'argent".

Le premier de ces versements s'est en tout cas déroulé très fluidement, alors que la Grèce n'avait plus rien reçu de ses créanciers (UE, BCE, FMI, Mécanisme européen de stabilité) depuis août 2014, sous l'ancien gouvernement de coalition conservateurs-socialistes.

La Grèce a reçu 23 milliards d'euros : dix ont été consignés sur un compte en vue d'une future recapitalisation des banques grecques et 13 autres ont été presque immédiatement absorbés par un remboursement de 3,4 milliards d'euros qui était dû impérativement à la BCE jeudi, et à celui d'un prêt-relais de 7,16 milliards obtenu en juillet.

Enfin, cette tranche d'aide comprendra aussi un versement de trois milliards d'euros "avant fin novembre", en fonction de l'avancée de la mise en place des réformes contenues dans le programme.

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