La "cellule de chiffrage" de l'Institut de l'entreprise accorde un "léger avantage" au programme de Nicolas Sarkozy sur celui de François Hollande, après avoir soumis leurs projets respectifs au "stress test" d'une situation économique dégradée.
Les tests de résistance des deux programmes donnent "un léger avantage à Nicolas Sarkozy, plus prudent sur les hypothèses de croissance, et plus précis sur la maîtrise des dépenses", écrivent les experts de cette cellule dans une note dont l'AFP a reçu copie jeudi.
L'Institut de l'entreprise, un "think tank" patronal, réunit depuis la présidentielle de 2007 une "cellule de chiffrage" dont les travaux sont généralement considérés comme impartiaux.
Ce stress test de l'entre-deux tours, premier du genre, s'apparente à ceux auxquels ont été soumises les banques européennes pour mesurer leur exposition à la dette grecque.
Avec les hypothèses de croissance plus favorables retenues par François Hollande (2,5% de croissance de 2015 à 2017), le programme du président sortant s'en tirerait un peu mieux que celui de son concurrent socialiste.
Les finances publiques afficheraient un excédent budgétaire de 0,9% du PIB en fin de mandat pour M. Sarkozy, contre un déficit de 0,5% pour M. Hollande, qui table pourtant sur un retour à l'équilibre en 2017.
Dans le scénario retenu par Nicolas Sarkozy (2% de croissance à partir de 2015), le quinquennat s'achèverait sur un excédent de 0,2% pour le candidat UMP, et un déficit de 1,2% pour son adversaire PS.
Sur la base encore moins favorable de la "croissance potentielle" calculée par l'OCDE pour la France, soit 1,5% à partir de 2014, "aucun programme ne boucle ses objectifs", soulignent cependant les experts de la cellule.
Nicolas Sarkozy achèverait son mandat sur un déficit public de 1,3% du PIB alors qu'il espère cette année-là un premier excédent budgétaire de 0,5%. Quant à François Hollande, il serait loin de l'équilibre attendu, à -2,7%.
La dette publique reculerait cependant de 1,5 point de PIB pour le premier alors qu'elle progresserait encore de 2 points pour le second.
Dans une situation encore plus dégradée, avec une croissance moyenne de seulement 1% sur la durée du quinquennat, les deux programmes seraient lourdement pénalisés.
La dette publique atteindrait 88,4% du PIB en fin de mandat pour le candidat de l'UMP, 92,2% pour celui du PS (contre 89,1% prévus cette année).
L'écart, explique la cellule, "découle de la logique même des deux programmes". Fondé sur une augmentation des impôts plutôt que sur une réduction des dépenses publiques, le programme de François Hollande est plus dépendant de la croissance et des recettes fiscales. Il offrirait ainsi "une moindre résistance à une dégradation de la conjoncture".
L'institut de l'entreprise a étudié une seconde variable: les dépenses publiques. Nicolas Sarkozy veut limiter leur croissance à 0,4% par an et François Hollande à 1,1%. Dans le cas d'une dérive "naturelle" à 2%, les deux programmes se retrouveraient "avec des performances semblablement dégradées" (environ 4,6% de déficit par rapport au PIB en 2017).
Ils se retrouvent aussi sur un point, selon la cellule de chiffrage. Tous deux affichent plus de dix milliards d'euros de mesures non financées en raison notamment des promesses de campagne des deux candidats.
Resteraient ainsi 11,4 milliards d'euros à financer dans le programme du candidat de l'UMP et 12,1 milliards dans celui de son concurrent du PS.
L'ensemble de ces données devait être diffusé jeudi sur le site de la cellule.