Twitter a indiqué jeudi que le média russe RT (ex-Russia Today), accusé par Washington d'avoir voulu influencer l'élection présidentielle de 2016, avait financé environ 1.800 tweets promotionnels l'an dernier.
Les réseaux sociaux sont sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, accusés d'avoir malgré eux servis de plateforme de propagande venue de Russie pendant la campagne électorale qui a mené à la victoire du républicain Donald Trump.
Le Congrès américain, ainsi qu'un procureur spécial, enquêtent sur une possible ingérence russe dans l'élection.
RT a "dépensé 274.000 dollars en contenus sponsorisés aux Etats-Unis en 2016", a écrit Twitter jeudi sur son blog officiel.
Les trois comptes Twitter du média russe "ont fait la promotion de 1.823 tweets qui visaient de façon certaine ou probable le marché américain. Ces campagnes ciblaient des utilisateurs abonnés à des comptes de médias traditionnels et mettaient essentiellement en avant des tweets concernant l'actualité", a détaillé le groupe.
Facebook (NASDAQ:FB) avait déjà révélé avoir décelé des comptes activés depuis la Russie et ayant servi à publier des messages à caractère politique via l'achat d'espaces publicitaires sur le réseau. Sous pression, l’entreprise de Mark Zuckerberg a indiqué qu'elle fournirait au Congrès le contenu de ces messages.
Moyennant finance, on peut cibler ses messages sur les réseaux sociaux vers des audiences particulières grâce à des algorithmes.
"Sur les quelque 450 comptes récemment pointés par Facebook dans le cadre de ses investigations (internes), nous avons conclu que 22 d'entre eux avaient des comptes Twitter correspondants", a aussi indiqué Twitter jeudi, ajoutant avoir suspendu ces comptes.
"De plus, à partir de ces comptes, nous en avons trouvé 179 supplémentaires qui y étaient liés", a-t-il poursuivi, affirmant en avoir fermé une partie.
Twitter a précisé avoir partagé ces informations avec les commissions d'enquête du Sénat et de la Chambre des représentants, qui ont entendu l'un de ses responsables jeudi.
Le groupe a aussi indiqué qu'il travaillait à mieux déceler les messages postés par des systèmes automatisés -appelés "bots"- soupçonnés de bombarder le réseau de messages destinés à manipuler une partie de l'opinion.
Publiée également jeudi, une étude de l'Université britannique d'Oxford affirme que de nombreux messages destinés à faire de la désinformation ont été postés via des "bots" sur Twitter au moment de la présidentielle et ont délibérément visé certains électeurs.
Pendant les jours précédant le scrutin, "les utilisateurs de Twitter ont reçu davantage de contenus faisant de la désinformation, clivants ou conspirationnistes que de messages provenant de médias professionnels", affirme l'étude, qui a porté sur des millions de tweets publiés entre le 1er le 11 novembre 2016.
Ces messages ont prioritairement ciblé des utilisateurs situés dans des états américains politiquement disputés, appelés "swing states", comme le New Hampshire (est) ou la Floride (sud-est), disent encore les chercheurs.
Twitter a contesté cette étude jeudi, affirmant dans un courriel à l'AFP que les études menées par des parties-tierces sur l'influence des "bots" et de la désinformation sur Twitter sont "presque toujours fausses et méthodologiquement très imparfaites", notamment parce que seuls 2% des tweets sont géolocalisés.