PARIS (Reuters) - Manuel Valls, au lendemain d'une ferme mise au point de François Hollande à l'égard des "frondeurs" socialistes, a exhorté dimanche à son tour au "sérieux" et au "sens de l'intérêt général", tandis que Jean-Christophe Cambadélis annonçait son intention de mettre "les points sur les 'i'" au PS.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste présidera mardi un bureau national afin de tirer les enseignements des péripéties de la "loi Macron", adoptée mardi en première lecture à l'Assemblée nationale via l'article 49-3 de la Constitution.
"On a franchi l'étape d'une clarification, qui devait forcément arriver", déclare le Premier ministre dans Le Journal du Dimanche, où le ministre de l'Economie Emmanuel Macron souligne sa détermination à "poursuivre les réformes" avec "la même méthode et les mêmes ambitions".
François Hollande a appelé samedi sa majorité à "la responsabilité" et à "la lucidité", et à "entendre" la demande des Français "que le pays avance, que le pays change".
Manuel Valls a relayé l'avertissement dimanche, en marge des célébrations du nouvel an chinois à Paris.
"Dans le moment que nous connaissons, face aux menaces, la montée aussi de l'extrême droite, aux défis considérables pour notre pays, notamment sur le plan économique, il faut regarder le monde tel qu'il est, être sérieux et se comporter comme il le faut, c'est-à-dire avec le sens de l'intérêt général, le sens de l'Etat et avec la volonté de rassembler", a-t-il dit.
LE PS "NE S'EST PAS FRACASSÉ"
A quelque quatre mois du congrès du PS, du 4 au 7 juin, six Français sur dix estiment que le PS est menacé d'implosion, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien et iTELE.
Prié par des élus PS de "faire la synthèse" au plus vite, Jean-Christophe Cambadélis, hostile initialement au projet de loi pour l'activité et la croissance, s'est efforcé dimanche de minimiser ces nouveaux cahots sur la voie de l'élection présidentielle de 2017.
"On se contente de peu, vous allez me dire, mais aujourd'hui, la loi est votée, le Parti socialiste ne s'est pas fracassé et nous allons continuer", a-t-il commenté sur Canal+.
Visant notamment, sans le nommer, l'ancien ministre de l'Education Benoît Hamon, qui avait annoncé dimanche dernier sa décision de voter contre le texte, le dirigeant socialiste a dénoncé "un prétexte" dans la lutte opposant l'aile gauche du PS au social-démocrate Manuel Valls.
"J'aurai une discussion avec tout le monde et je mettrai les points sur les 'i'" mardi lors du bureau national, a-t-il précisé, sans évoquer d'éventuelles sanctions. "Avec moi, c'est pas sévère, c'est clair".
Jean-Christophe Cambadélis a admis "des crispations" avec le Premier ministre, revendiquant un rôle "plus diplomatique" pour "faire avancer peut-être plus lentement les choses" face à un Manuel Valls qui assume de nouveau dans le JDD sa démarche d'"autorité".
"Quand on est en situation d'urgence économique, on ne peut pas accepter d'être stoppés par le déni de réalité, les corporatismes, ou des jeux d'appareils politiciens", plaide Emmanuel Macron.
"LE NEZ DANS LE CONGRÈS"
Dans le même JDD, Benoît Hamon, qui dispute à Emmanuel Maurel, notamment, la primauté sur l'aile gauche du PS, déplore qu'on lui "prête mille et un calculs". Il reproche à Manuel Valls "une forme d'incohérence".
"Quand on a une majorité fragile, on ne gouverne pas comme cela. L'autorité naturelle reste encore pour lui un objet de conquête", lâche le député des Yvelines.
Le député de l'Essonne Malek Boutih, partisan de Manuel Valls, a fustigé sur Radio J "un spectacle de marionnettes politique" où "tout le monde a le nez dans le congrès au lieu d'avoir le nez sur la France".
"On est confronté à une période historique et on a des gens qui sont du niveau de diriger une région, au maximum", dit-il.
La gauche, a-t-il jugé, est "en voie de disparition politique" si elle ne fait pas bloc autour de Manuel Valls, "seul point de résistance" alors que François Hollande est "plus dans le XXe siècle que dans le XXIe siècle".
"Il a une pratique politique, institutionnelle, qui est sage, mais Manuel Valls est beaucoup plus en phase" avec la situation actuelle, a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat et le Premier ministre perdent respectivement cinq points (24% d'opinions favorables) et sept points (46%) dans le baromètre Ifop pour le JDD.
(Sophie Louet)