Le pétrole cher a pesé très lourd ces derniers mois sur la balance commerciale américaine, creusant le déficit à des niveaux alarmants, et alimentant les débats de la campagne présidentielle.
Jamais lors du mandat de Barack Obama les Etats-Unis n'avaient accusé un déficit commercial aussi élevé: 52,6 milliards de dollars en janvier, soit le trou le plus important depuis octobre 2008, selon les chiffres publiés vendredi.
"Cela semble mauvais mais la montée des prix du pétrole représente toute la hausse" du déficit par rapport à décembre, a nuancé l'économiste Ian Shepherson, du cabinet HFE. Sur le déficit total, 29,7 milliards de dollars sont dus aux produits pétroliers.
Depuis avril 2011, le prix moyen du baril de brut importé est resté supérieur à 100 dollars tous les mois mis à part en octobre, et ce au moment où l'économie mondiale traversait des phases de ralentissement, dues aux soubresauts de la crise de la dette en zone euro.
Une augmentation du déficit commercial réduit la croissance, en vertu du mode de calcul du produit intérieur brut américain. La majorité des économistes prévenaient déjà que cet effet risquait de se faire ressentir début 2012.
Pour Aaron Smith, de Moody's Analytics, "le commerce extérieur a toujours l'air de devoir peser sur la croissance en début d'année". "Au premier trimestre, le commerce extérieur devrait être un facteur négatif pour la croissance", confirmait Gregory Daco, économiste d'IHS Global Insight.
Le sujet a pris une forte connotation politique en cette année électorale.
Mercredi, le président Barack Obama, qui sera candidat à sa propre succession en novembre, a mercredi ses adversaires qui se proposent d'abaisser le prix de l'essence de près de moitié.
"La prochaine fois que vous entendrez un homme politique ressassant son plan en trois points pour avoir de l'essence à 2 dollars" (pour un gallon soit 3,79 litres), "dites-lui qu'on est fatigué d'écouter des promesses de campagne bidons qui ne sont jamais tenues", a-t-il lancé à Charlotte (sud-est).
Les républicains estiment que M. Obama n'a rien fait pour augmenter la production nationale, l'attaquant sur son opposition à des projets d'extraction dans le golfe du Mexique ou à celui d'un oléoduc géant pour importer du brut venu de l'Alberta (ouest du Canada).
La production américaine de pétrole a augmenté pendant le mandat de M. Obama, tandis que le volume de produits pétroliers importés baissait, après avoir atteint son pic en 2006. Pour les démocrates, c'est une réussite à l'actif du président. Pour les républicains, M. Obama récolte les fruits de la politique de son prédécesseur George W. Bush.
Les analystes du marché du pétrole voient ce débat comme secondaire, comparé aux facteurs de court terme qui favorisent la hausse: les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et les politiques monétaires généreuses en vigueur aux Etats-Unis, en zone euro et au Japon.
"Une anxiété croissante quant à une éventuelle rupture d'approvisionnement a poussé les prix mondiaux du pétrole à la hausse, avec la montée des tensions provoquées par les ambitions nucléaires de l'Iran", constate Nigel Gault, d'IHS Global Insight.
Selon ses calculs, pour le moment, "cela fait du tort au PIB mais n'est pas catastrophique, enlevant environ 0,1 point de pourcentage à la croissance de 2012 si l'on se fie à la règle qui veut que toute hausse du baril de 10 dollars fait perdre 0,2 points de pourcentage au taux de croissance de l'année en cours".