Exportations et production industrielle allemandes ont le vent en poupe, selon des chiffres relatifs au mois de mai publiés jeudi qui confirment la santé retrouvée de la première économie européenne.
En mai, l'Allemagne a exporté pour 77,5 milliards d'euros de biens et services, une hausse de 28,8% sur un an. C'est la plus forte progression enregistrée depuis 10 ans, a souligné jeudi l'Office fédéral des statistiques.
Ce même mois, l'industrie a augmenté sa production de 2,6% par rapport à avril, un chiffre qui a agréablement surpris.
La fédération de la métallurgie WVS a aussi annoncé séparément une hausse de plus de 50% de la production d'acier en juin, par rapport à juin 2009. Ce secteur, l'un des plus touchés par la crise, profite à plein de la reprise.
Avec ces bonnes nouvelles l'Allemagne s'offre jeudi un "petit lot de consolation" après sa défaite en Coupe du monde de football contre l'Espagne la veille, relève Andreas Rees, économiste en chef chez Unicredit.
Après la pire récession de l'après-guerre l'an dernier, et une chute de 4,9% du Produit intérieur brut (PIB), l'économie reprend à grande vitesse du poil de la bête ces derniers mois. La demande en provenance de l'étranger, et notamment d'Asie, pour machines, voitures et équipements made in Germany fait tourner la machine industrielle et le commerce extérieur.
Le pays "profite du rebond significatif de l'économie mondiale", commentait jeudi Simon Junker, de Commerzbank.
La balance commerciale dégage toujours un excédent, de 9,7 milliards d'euros. Celui-ci s'est toutefois replié de 25% sur un mois, à cause d'un bond des importations (+34,3% sur un an à 67,7 milliards d'euros).
Mais ce chiffre aussi découle de la bonne santé de l'industrie : plus BMW, Siemens, Volkswagen et consorts vendent à l'étranger, plus ils doivent acheter de biens intermédiaires, notamment en dehors des frontières.
"Des exportations allemandes vigoureuses viennent automatiquement avec des importations de biens intermédiaires d'autres pays européens", note ainsi Dirk Schumacher de Goldman Sachs.
L'Allemagne, qui se voit volontiers comme locomotive économique de l'Europe, devrait afficher une solide croissance au deuxième trimestre, pronostiquent les économistes, mais la deuxième moitié de l'année sera vraisemblablement moins dynamique. Les commandes industrielles se sont d'ailleurs affichées en baisse en mai, selon un chiffre publié mercredi et qui a déçu.
Quant à la faculté d'entraînement de l'Allemagne pour ses partenaires, Ben May de Capital Economics y met un bémol. "La reprise allemande ne devrait pas en faire beaucoup pour améliorer les perspectives à la périphérie", juge-t-il. En cause: la chronique faiblesse de la consommation des ménages dans le pays.