Apple a reçu mardi le feu vert officiel pour commercialiser l'iPhone 6 en Chine, l'un de ses principaux marchés malgré une concurrence accrue, et où son nouveau smartphone était déjà proposé au marché noir depuis deux semaines.
Le ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'information a indiqué sur son site internet avoir délivré pour l'iPhone 6 une "autorisation d'accès aux réseaux télécoms", ouvrant la voie à sa mise en vente.
"L'iPhone 6 et l'iPhone 6 Plus seront disponibles en Chine à partir du 17 octobre", en ligne et dans les boutiques des opérateurs, a confirmé le géant américain de l'électronique dans un communiqué.
Le modèle le moins onéreux (16 GB) sera proposé à partir de 5.288 yuans (677 euros) --soit bien plus qu'à Hong Kong (567 euros).
Les ventes de l'iPhone 6 avaient démarré le 19 septembre dans dix pays ou régions -- dont Hong Kong, territoire chinois disposant d'une large autonomie --, mais aucune date de lancement n'avait été annoncée pour la Chine continentale... faute d'une ultime autorisation des autorités.
Le ministère a assuré mardi avoir procédé à des "tests de sécurité rigoureux", notamment sur "les risques de fuite des informations personnelles des usagers", et avoir eu des échanges avec Apple à ce sujet.
Apple lui aurait alors "promis qu'il n'avait jamais installé de +porte dérobée+ dans ses appareils et services" pour livrer des informations "à quelque gouvernement et organisation que ce soit", et qu'il "ne le ferait jamais", selon le communiqué du ministère.
Des médias d'Etat chinois avaient récemment mis en cause les appareils du groupe, la télévision centrale CCTV affirmant notamment que les iPhones menaçaient la sécurité nationale, en raison de leur fonctionnalité de géolocalisation: Apple avait fermement démenti.
- Emballement du marché noir-
Voulant tirer profit du lancement retardé, de nombreux Chinois du continent ont fait ces deux dernières semaines le voyage à Hong Kong, voire dans d'autres pays, afin d'acquérir des dizaines d'iPhones pour les revendre ensuite avec bénéfice.
Certains "trafiquants" ont été arrêtés par les douaniers avec des smartphones camouflés dans des boîtes à thé ou jusque dans leurs caleçons, rapportait la presse chinoise.
Les grandes quantités d'iPhones acheminées clandestinement dans le pays ont été revendus au prix fort au marché noir --jusqu'à plus de 12.000 yuans (1.530 euros) selon des médias locaux... avant une drastique chute des prix.
Interrogés mardi par l'AFP, des commerçants du marché de Zhongguancun à Pékin faisaient état de prix minimum compris entre 6.250 et 8.000 yuans, pour des articles venant de Hong Kong, des Etats-Unis et du Japon --tout en pronostiquant "un net reflux après les congés nationaux du 1er octobre".
- Essor de rivaux chinois -
L'iPhone 6 pourrait séduire en Chine, où les smartphones à très large écran ont la cote: "Avec sa grande taille, il devrait se vendre bien mieux que ses précédents produits", a souligné à l'AFP Wang Jun, expert du cabinet Analysys International.
La région chinoise (Chine continentale, Macao, Hong Kong et Taïwan) reste le deuxième plus gros marché d'Apple après les Etats-Unis: ses ventes y ont bondi de 28% sur un an au dernier trimestre.
Mais la marque à la pomme, dont les téléphones étaient naguère objets de prestige aux yeux des consommateurs chinois, a perdu un peu de sa superbe face à l'émergence de nouveaux rivaux.
Apple ne contrôlait que 6,9% du marché chinois du smartphone au deuxième trimestre, selon Analysys, arrivant en sixième position, loin derrière le géant sud-coréen Samsung (15,4% des parts) et ses concurrents chinois montés en puissance.
Parmi eux, Lenovo, Xiaomi ou encore Huawei (numéro 3 mondial des smartphones), dont les produits --souvent à moindre prix-- le disputent aux iPhones en termes de fonctionnalités et de design.
Certains internautes chinois se montraient volontiers sarcastiques: "Ils ne voulaient pas qu'on aille à Hong Kong accroître les troubles (manifestations pro-démocratiques en cours, NDLR), du coup ils ont accordé (à Apple) son autorisation!", ironisait l'un sur le réseau social Weibo.
"Camarades, avez-vous préparé votre rein?", lançait un autre, en référence au vif débat de société suscité en 2012 par un adolescent chinois qui avait vendu un rein pour se payer le dernier smartphone du groupe.