La reprise du dialogue jeudi avec le patronat n'y change rien : la CFDT Transport, majoritaire dans la profession, se lance mercredi dans l'action avec, au menu, des blocages de zones pétrolières, de sites industriels et logistiques.
Le syndicat avait annoncé la couleur vendredi dernier, prévenant qu'il ciblerait des "grands groupes de transport", dont les propriétaires sont adhérents des fédérations patronales (FNTR, TLF et UNOSTRA).
Le retour à la table des négociations prévu jeudi matin, sous l'impulsion du gouvernement et de son secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies, ne l'en a pas détourné.
Le coup d'envoi devait être donné dès 02H00, avec le blocage de "l'ensemble de la zone pétrolière de Lyon" par "au moins 70 militants", selon Fabian Tosolini, porte-parole de la CFDT Transport.
Le dépôt pétrolier de La Rochelle est également dans le viseur de la CFDT tout comme, en Normandie, la zone industrielle de la Poudrerie (Oissel), en banlieue de Rouen, et celle des Herbages à Lillebonne, près du Havre.
En région parisienne, les militants ont ciblé l'entreprise Citaix, filiale du groupe de transport et de logistique Charles André, implantée à Nangis (Seine-et-Marne).
D'autres blocages devaient se mettre en place au petit matin en Champagne-Ardennes, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Bourgogne, dans les Pays de la Loire ou encore dans la région Centre.
En plus de ces actions coups de poing, la CFDT a prévu des opérations de filtrage des poids lourds sur certains axes routiers (Lorraine, Bretagne, PACA), accompagnées d'une distribution de tracts pour expliquer les raisons de sa colère.
- 'Constructif et combatif' -
La dernière séance de négociations annuelles obligatoires s'est terminée le 20 janvier sur un claquement de porte, le patronat et la CFDT quittant les négociations sur un "constat d'échec".
Les chambres patronales proposent une revalorisation de 1% pour les cadres et de 2% pour les coefficients salariaux les plus bas (ceux des salariés les moins qualifiés) de la convention collective, actuellement sous le Smic.
De leur côté, les syndicats exigent une augmentation de 5% pour les quelque 650.000 salariés du transport routier (marchandises, logistique, ambulanciers, conducteurs d'autocar, transporteurs de fonds), en plus de l'instauration d'un 13e mois et la suppression de la carence maladie.
Depuis l'interruption des négociations, l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) poursuit les blocages et opérations escargots qu'elle mène depuis le 18 janvier. Mais ses actions s'essoufflent chaque jour un peu plus, sauf dans quelques bastions de résistance (Rennes, Caen et Bordeaux).
Mardi soir, elle s'est félicitée de la reprise des négociations, indiquant qu'elle "s’y rendra(it) dans un esprit ouvert, constructif et combatif, avec la volonté que les négociations qui n’ont toujours pas réellement débuté puissent enfin amener à un compromis acceptable pour les salariés".
L'OTRE, qui représente les TPE et PME, s'est également réjouie de la "reprise du dialogue entre les partenaires sociaux dans son cadre normal et légitime". La FNTR viendra pour sa part jeudi "si les conditions du dialogue social sont réunies", a indiqué mardi la principale fédération patronale du transport routier.