Wall Street a regagné le terrain perdu avec la crise financière, se retrouvant désormais à ses niveaux de fin 2007 après un bond de 11% en trois mois, au point que les analystes se demandent si elle ne va pas trop vite, trop loin.
Pour la première fois lundi dans l'histoire de la place new-yorkaise, son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, et le Nasdaq, à dominante technologique, ont clôturé au dessus des seuils psychologiques de 13.000 points et de 3.000 points, au cours d'une même séance.
Le Dow Jones a clôturé à 13.216,62 points, un niveau plus atteint depuis le 31 décembre 2007, et le Nasdaq, à 3.048,65 points, retrouvant également son niveau d'avant la crise de 2008.
Au total, l'indice vedette a bondi de 11,45% en trois mois, et de près de 8% depuis le début de l'année 2012.
L'indice élargi Standard & Poor's 500, qui réunit 500 grandes valeurs de Wall Street, et qui est très suivi par les marchés en raison de sa diversité, a buté quant à lui sur le seuil des 1.400 points à 1.397,90 points.
Ces performances boursières plus vues en près de quatre ans alarmaient certains analystes pour qui la vigueur de cette croissance ne semblait pas justifiée.
"Bien que nous croyions que les éléments pour un marché haussier restent en place, les statistiques suggèrent que la progression est allée trop loin, trop vite, et a besoin de se calmer", fait valoir Frederic Dickson, de DA Davidson.
"Le marché en ce moment est relativement insouciant. On a parfois l'impression que tout est résolu, qu'il n'y a plus de problèmes en Europe", remarque Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Market.
Le bond des indices reflète l'enthousiasme grandissant des investisseurs vis-à-vis de l'économie américaine, ainsi que le retour d'une certaine confiance dans le secteur bancaire, considéré comme un baromètre de la reprise économique.
Le succès de 15 des 19 plus grandes banques américaines aux tests de résistance imposés par la banque centrale des Etats-Unis (Fed) est vu par beaucoup comme le signe qu'une page se tourne depuis l'éclatement de la bulle financière en 2008 et l'effondrement de la banque d'affaire Lehman Brothers.
Egalement, en toile de fond, la décrue du chômage aux Etats-Unis continue de rassurer les investisseurs, tout comme la résolution de la crise grecque.
"Les choses semblent aller mieux. En Europe, aux Etats-Unis, en Chine. (...) Il n'y a pas de récession aux Etats-Unis, les indicateurs économiques y sont rassurants tout comme en Asie", résume Alec Young, de S&P Capital IQ.
Reste que "malgré le rebond actuel, la plupart des gens ne croient pas" à la formation d'une bulle spéculative, indique Gregori Volokhine.
"Il y a encore beaucoup d'argent qui dort sur le marché", relève de son côté Dick Green, du site d'analyse financière Briefing.com, constatant une très faible volatilité. "Un grand nombre de non-croyants ne parviennent pas à accepter ce rebond du marché depuis trois ans" et à s'y rallier, ajoute-t-il.
Le Dow Jones a célébré vendredi sa troisième année consécutive de rebond après avoir clôturé à son plus bas en douze ans le 9 mars 2009, en pleine crise financière à 6.547,05 points. Il s'est apprécié depuis cette date de 101,28%.
"Nous ne pensons pas que le marché soit surévalué", abonde Alec Young. "Nous avions un objectif de 1.400 points (pour le S&P 500) en 2012, et nous l'avons presque atteint, comme prévu. C'est une évolution tout-à-fait conforme à nos prévisions."
Mais pour lui, "il sera difficile d'aller beaucoup plus haut". "C'est pourquoi nous ne conseillons pas à nos clients d'investir en ce moment. Il faudra attendre un moment de correction, mais je ne vois pas quel en sera le déclencheur".