PARIS (Reuters) - Environ 90.000 personnes, dont 42.000 policiers et 30.000 gendarmes, seront mobilisées pour assurer la sécurité de l'Euro de football qui se jouera en juin et juillet dans le contexte de l'après-13 novembre, a fait savoir mercredi Bernard Cazeneuve.
Selon le ministre de l'Intérieur, ce déploiement massif est destiné à "faire face principalement à une double menace: la menace terroriste et la menace d'éventuels débordements violents de hooligans".
"Il s'agit d'un événement exceptionnel, qui intervient dans un contexte exceptionnel et qui, par conséquent, doit bénéficier d'un dispositif de sécurité lui aussi exceptionnel", a-t-il justifié lors d'une conférence de presse place Beauvau.
Les attentats de novembre 2015, qui ont visé entre autres les abords du Stade de France en plein match des Bleus, ont conduit le gouvernement et les organisateurs à renforcer le dispositif prévu à l'origine.
Des incidents survenus samedi dernier au Stade de France lors de la finale de la Coupe de France - des mouvements de foule et des fumigènes introduits dans l'enceinte - appellent par ailleurs à une "vigilance accrue", d'après le ministre.
Le défi consiste pour les organisateurs à garantir la sécurité des 2,5 millions de spectateurs attendus, dont 1,5 million d'étrangers, de dix stades dans dix villes différentes, de 51 matches et de 24 sélections nationales itinérantes.
"En ce qui concerne l'engagement de l'Etat, plus de 77.000 personnels du ministère de l'Intérieur seront mobilisés: 42.000 policiers, (...) 30.000 gendarmes, 5.200 personnels de la sécurité civile, dont 2.500 sapeurs-pompiers et 300 démineurs", a précisé Bernard Cazeneuve.
"'FAN ZONES' MAINTENUES"
"Raid et GIGN (des unités d'élite de la police et de la gendarmerie, NDLR) seront engagés dans chacun des stades de la compétition, comme aux abords immédiats de chaque 'fan zone' (des lieux de retransmission des rencontres dans les centres-villes-NDLR) pour intervenir sans délai", a-t-il ajouté.
Des membres du Raid et du GIGN auront également pour mission de protéger les équipes nationales, selon Jacques Lambert, président de la société organisatrice.
Il faut ajouter à ces chiffres une partie des 10.000 soldats de l'opération Sentinelle, déployés en priorité dans les gares et les aéroports, et plus de 13.000 agents de sécurité privée dans les stades et les "fan zones".
Ces espaces clos, où sont attendus 7 à 8 millions de visiteurs du 10 juin au 10 juillet, ont récemment alimenté la polémique, certains responsables politiques, notamment Nicolas Sarkozy, voyant là une cible potentielle pour des assaillants.
"Sauf événement ou menace circonstanciée, ces 'fan zones' seront maintenues", a affirmé Bernard Cazeneuve, reprenant là une position défendue depuis le 13 novembre par le gouvernement, les villes hôtes et les organisateurs.
"Une cellule d'analyse des risques rassemblant aussi bien les acteurs oeuvrant au renseignement intérieur et extérieur que ceux oeuvrant en matière de sécurité publique sera activée sept jours sur sept et 24 heures sur 24", a encore dit le ministre.
Cette cellule a pour but de "fournir en temps réel et avant chaque rencontre un état des différents risques et menaces sur les lieux des matches eux-mêmes mais aussi sur les sites sur les autres sites susceptibles d'êtres concernés".
Interrogé par le journal L'Equipe sur la possibilité de disputer des matches à huis clos, d'en reporter certains, voire de les annuler, Bernard Cazeneuve a répondu que "toutes les options ont été travaillées".
"Aucune mesure n'est exclue", a poursuivi le ministre de l'Intérieur.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)