NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Jean-Marie Le Pen est arrivé mercredi au tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour réclamer l'annulation de son exclusion du Front national, prononcée le 20 août 2015 sur l'injonction de sa fille.
Le co-fondateur du FN, âgé de 88 ans, entend demander deux millions d'euros de dommages et intérêts pour une éviction qu'il juge "entachée d'irrégularités".
Interrogé à son arrivée au tribunal par iTELE sur sa volonté de retrouver des fonctions au sein du parti, il a répondu : "Je suis président d'honneur, j'ai eu tout ce qui était possible d'avoir dans ce mouvement que j'ai fait naître".
Renouer des liens un jour avec Marine Le Pen est possible et "même souhaitable", a-t-il ajouté.
Il s'agit du énième rebondissement judiciaire dans la guerre que se livrent le père et la fille depuis un an et demi après les déclarations réitérées du patriarche sur les chambres à gaz et sa sympathie pour Pétain.
La justice a donné raison à Jean-Marie Le Pen à trois reprises, notamment en suspendant le congrès par correspondance visant à supprimer son statut de président d'honneur, qu'il a donc conservé.
Selon lui, son exclusion aurait dû être prise "au moins par le bureau politique". Or elle a été décidée par un bureau exécutif réduit à quatre personnes, Marine Le Pen et le vice-président Florian Philippot, notamment, ayant décidé de ne pas prendre part au vote.
Jean-Marie Le Pen avait à l'époque twitté la photo des quatre membres du "peloton d'exécution" avec ce commentaire : "N'oubliez jamais !".
Sur le fond, Jean-Marie Le Pen juge "dérisoires" les reproches formulés par sa fille et accentue ses critiques contre la normalisation de la présidente du FN, qui a supprimé toute référence au parti pour sa campagne présidentielle.
Dans Le Parisien, mardi, l'ancien dirigeant va jusqu'à délivrer un satisfecit à Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, jugeant qu'il se "jean-marise" alors que Marine Le Pen évacue le terrain "pour aller vers le centre".
"Je pense qu'elle a tort de souhaiter apparaître plus centriste qu'elle ne l'est", dit-il.
Jean-Marie Le Pen, qui a lancé des "Comités Jeanne" avec des dissidents du FN et le Parti de la France de Carl Lang, entend peser sur les législatives qui suivront la présidentielle, quitte à affaiblir le FN dans certains secteurs.
Le président d'honneur déchu a en effet annoncé en septembre qu'il comptait distribuer un "label" aux candidats qui lui en feraient la demande.
Selon son collaborateur parlementaire Lorrain de Saint-Afrique, environ 150 circonscriptions seraient déjà couvertes, mais l'objectif serait d'arriver à 400 candidatures.
(Gérard Bon, édité par Sophie Louet)