par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Rectifie le prénom du PDG, lire Paul Boudre.
Soitec a annoncé mercredi projeter deux augmentations de capital pour un montant total compris entre 130 et 180 millions d'euros afin de rembourser ses dettes et financer son développement, une opération qui modifiera en profondeur l'actionnariat du groupe en difficulté.
Le spécialiste des matériaux semi-conducteurs innovants, né en 1992 d'une scission du CEA-Leti de Grenoble, a indiqué que l'opération avait le soutien de trois grands investisseurs qui détiendront chacun 14,5% du capital à l'issue du processus.
Bpifrance, déjà actionnaire du groupe, renforcera sa participation actuelle de 9,5%, tandis que deux nouveaux actionnaires vont faire leur entrée: CEA Investissement, filiale du Commissariat à l'énergie atomique, et National Silicon Industry Group (NSIG), investisseur industriel chinois spécialisé dans le domaine des semi-conducteurs.
"Le premier sujet était de consolider et stabiliser notre actionnariat car nous avions en face de nous des échéances importantes", a expliqué Paul Boudre, PDG de Soitec, au cours d'une téléconférence de presse.
"Mais le long terme était encore plus important pour nous car il nous fallait nous entourer de partenaires financiers qui soient aussi stratégiques pour la compagnie."
Soitec a été chahuté en Bourse le mois dernier sur fond d'inquiétudes récurrentes quant à la situation bilancielle du groupe. A court terme, les opérations lui permettront de rembourser ses emprunts à échéance mai 2016 et de racheter ses
Océanes 2018.
L'action Soitec gagne 4,08% à 0,51 euro en fin de matinée après ces annonces.
A plus long terme, les fonds levés seront investis dans la production de FD-SOI (silicium sur isolant), technologie française portée par Soitec. Les fonds seront notamment investis à Grenoble au cours des deux prochaines années pour augmenter les capacités de production du groupe dans la capitale de l'Isère.
"NSIG apporte non seulement un support financier mais aussi un support stratégique pour le développement et l'adoption des technologies (de Soitec) en Chine", a ajouté Paul Boudre.
RECENTRAGE SUR LES MATÉRIAUX POUR LA MICROÉLECTRONIQUE
Le groupe a lancé en janvier 2015 un plan stratégique visant à se recentrer sur son coeur de métier, les matériaux pour la microélectronique, et à sortir de ses deux autres branches, l'énergie solaire et l'éclairage.
Paul Boudre a précisé que Soitec serait d'ici à mars en ligne avec cette feuille de route.
Dans la technologie FD-SOI, l'ajout d'un isolant permet de réduire les déperditions d'énergie qui accompagnent la course à la miniaturisation des semi-conducteurs. Elle est actuellement testée par des géants du secteur comme le japonais Sony (T:6758).
"A l'origine, cette technologie a été développée par le CEA pour l'électronique résistante aux radiations, pour le nucléaire civil en situation accidentelle", explique Christophe Gégout, administrateur général adjoint du CEA.
"Mais quand on se tourne vers l'avenir, on s'aperçoit que cette technologie a aussi une propriété très importante: elle limite les courants de fuite et est très économe, donc très adaptée à tous les usages liés à la mobilité qui sont en train d'exploser."
Soitec a estimé que les deux opérations annoncées devraient être bouclées d'ici la fin du premier semestre.
Une première augmentation de capital réservée d'un montant de 76,5 millions d'euros se fera à un prix de 0,55 euro par action, et sera suivie d'une deuxième opération ultérieurement pour 53,5 à 103,5 millions d'euros avec maintien du droit préférentiel de souscription.
Le montant final de l'opération avec maintien du DPS sera déterminé en fonction des opportunités de rachat d'Océanes 2018 dans des conditions attractives du point de vue des actionnaires.
Le CEA-Leti, dont est issu Soitec, descend lui-même du service d'électronique du centre d'études nucléaires de Grenoble, créé en 1957. Parmi les trois futurs grands actionnaires de Soitec, CEA Investissement dispose d'une option lui permettant de porter par la suite sa participation à 15%.
Il s'agira du troisième plus gros investissement du CEA, après Areva (PA:AREVA) et STMicroelectronics (PA:STM). CEA Investissement, copropriétaire de la technologie FD-SOI avec Soitec, a pour mission d'investir dans des sociétés qui exploitent des procédés issus des laboratoires publics français.
(Avec Pascale Denis, édité par Dominique Rodriguez) OLFRBUS Reuters France Online Report Business News 20160210T102700+0000