Le SNPL, premier syndicat de pilotes d'Air France, a rejeté mercredi le projet d'accord de la direction proposant une augmentation de la productivité, des mesures de flexibilité et l'embauche de 600 pilotes d'ici à fin 2020, a annoncé Philippe Evain, président du SNPL d'Air France.
"Après analyse, tant sur le fond que sur la forme, du projet d'accord Perform 2020, remis par la direction et ouvert à signature jusqu'au 2 mai, le conseil Air France" du SNPL a décidé de le "rejeter", a indiqué M. Evain à l'AFP, précisant que la décision a été prise "à l'unanimité".
La signature du SNPL, qui représente 65% des pilotes de la compagnie, est indispensable pour valider ce projet d'accord, qui ne concerne que les pilotes.
La direction de la compagnie aérienne n'a pas souhaité commenter.
Le projet, qui vise à "coller à la saisonnalité" de l'activité d'Air France, comprend une baisse de la rémunération à l'heure de vol, qui serait compensée, selon la direction, par l'augmentation du temps de travail. La part variable des pilotes repose en effet sur le nombre d'heures effectuées.
Le texte fixe par ailleurs l'objectif d'atteindre "plus de 3.900 pilotes à fin 2020", contre près de 3.700 anticipés mi-2016, par le biais de "plus de 600 embauches" dont "au moins 50" avant la fin d'année, selon le PDG d'Air France Frédéric Gagey.
"En l'état actuel des choses, ce projet était inacceptable" car la compagnie "demandait aux pilotes des sacrifices importants en échange de promesses sur l'emploi et la croissance", a expliqué à l'AFP Véronique Damon, porte-parole du syndicat.
En particulier "beaucoup d'efforts en termes de rémunération, de qualité de vie et de densification de l'activité" qui auraient porté "plus loin que la plupart des compagnies européennes et américaines le niveau de fatigue", souligne-t-elle.
Avec le projet sur la table, les pilotes "déjà aux limites" des heures maximales de vol, comme ceux de Boeing (NYSE:BA) 777, n'auraient pu voler davantage pour compenser la baisse du salaire horaire et auraient perdu 8 à 9% de salaire, avance Mme Damon
Quant aux 600 embauches, il s'agissait "pour l'essentiel de remplacements de départs à la retraite et d'emplois prévus pour la croissance de Transavia", affirme-t-elle.
Pour la représentante du SNPL, il y a fondamentalement une "contradiction" à "juger la situation économique de l'entreprise suffisamment bonne pour justifier une augmentation de 65% de la rémunération d'Alexandre de Juniac (PDG du groupe AF-KLM) et nous dire en même temps que la situation est assez mauvaise pour imposer une baisse de rémunération aux pilotes".
Cependant, Le SNPL se tient "toujours prêt à une vraie négociation, nous n'avons pas fermé la porte", ajoute-t-elle.