Les élus du Comité central d'entreprise d'Air France (PA:AIRF) ont voté mercredi à l'unanimité contre le projet "Boost" de nouvelle compagnie à coûts réduits, un avis consultatif avant la décision déterminante des syndicats de pilotes attendue d'ici fin mai.
La création d'une filiale d'Air France, pierre angulaire du projet stratégique "Trust Together" (la confiance ensemble), dépend du feu vert des syndicats SNPL et Spaf, qui ont jusqu'au 31 mai pour signer un projet d'accord.
Mercredi en CCE, les élus présents ont émis "à l'unanimité" un avis défavorable, a-t-on appris de sources syndicales. Les représentants syndicaux de la CGT et du SNPL, en l'absence de leurs élus, se sont "associés au vote contre", ont-ils précisé à l'AFP.
Le groupe aérien désire transférer dans une filiale les lignes d'Air France actuellement "ultra-déficitaires" sur moyen et long-courrier. Le modèle économique de la compagnie reposerait principalement sur l'embauche d'hôtesses et stewards moins bien rémunérés qu'à Air France.
Le projet d'accord soumis aux syndicats de pilotes prévoit que les vols Boost soient gérés exclusivement par des pilotes Air France. Des garanties en matière d'activité (temps de vol), vis-à-vis de la consœur néerlandaise KLM, sont également promises.
Les élus du CCE ont vivement protesté mercredi contre l'existence, dans le projet d'accord, d'une indemnité forfaitaire versée aux pilotes si ce rééquilibrage d'activité n'était pas respecté.
"Pour ne pas avoir la prime, il faudrait qu'Air France fasse 4% de croissance par an pour rattraper (KLM), ce qui est impossible", a indiqué Karim Taïbi (FO), se fondant sur un rapport commandité par le CCE.
Ce rapport prédit "que dès 2018, Air France ne sera pas en capacité de respecter ces engagements", a abondé Jérôme Beaurain (SUD). Selon lui, "tous les gains générés par Boost risquent d'être totalement absorbés".
La CFDT, pourtant "favorable à l'ambition initiale" d'un projet bâti sur "la croissance", a voté contre Boost pour la même raison.
Le mécanisme proposé aux pilotes, en plus de pouvoir "mettre en péril l'équilibre économique" du projet, est "une augmentation salariale déguisée", a protesté auprès de l'AFP sa représentante Béatrice Lestic.
Sollicitée, la direction d'Air France n'a pas fait de commentaire.