La météo pluvieuse du mois de mai pèse sur les professionnels du tourisme en France, d'après des témoignages recueillis mardi par l'AFP, avec un manque à gagner qui devrait être difficile à rattraper, selon l'UMIH et la fédération des campings.
"Beaucoup de clients ont annulé au dernier moment pour le week-end de Pentecôte, ils n'avaient pas envie de prendre l'eau", indique Roland Héguy, le président de l'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration. "En mai, mis à part le pont de l'Ascension où il y a eu du soleil, on est passés à côté", dit-il à l'AFP.
"La météo est de toute façon épouvantable depuis le début de l'année. Le problème, c'est que le mauvais mois de mai a rendu les patrons frileux au niveau des embauches de saisonniers. Les contrats sont repoussés, on n'embauche pas, quelle que soit la taille des établissements", indique M. Héguy, alors qu'on compte habituellement autour de 300.000 saisonniers d'été.
"Depuis le 1er janvier, le nombre de nuitées a reculé de 7% dans l'hôtellerie et le chiffre d'affaires de la restauration de 10%", note M. Héguy, assez inquiet car "ce qui est perdu au printemps a le plus grand mal à être rattrapé ensuite".
Illustration: au Grau-du-Roi (Gard), les plaisanciers ont été au rendez-vous du week-end prolongé du 8 mai mais "de nombreux hébergeurs ont eu des désistements" pour la Pentecôte, explique Laurent Pélissier, directeur de l'office du Tourisme.
Ou encore à Nîmes, où les restaurateurs ont bu la tasse lors de la traditionnelle Feria: "L'affluence et le chiffre d'affaire sont moins bons que l'année dernière, je m'attends à une perte de 40%", note Emeric Berard, gérant propriétaire du Café Olive à Nîmes.
En Corse, les professionnels s'accordent sur un manque à gagner d'environ 15% en mai (hôtellerie, restauration, location de véhicules et embarcations, vendeurs de souvenirs et articles pour touristes...).
"Les réservations se sont arrêtées"
Côté campings, Guylhem Féraud, le président de la Fédération de l'hôtellerie de plein air (FNHPA), indique à l'AFP qu'"avec le mauvais temps les réservations se sont arrêtées, les gens ne téléphonent plus. Et cela a même affecté les réservations pour l'été, elles sont au ralenti".
"On est en recul de 5 à 10% environ pour l'été. Et la fréquentation sur les ponts de mai a été en très forte baisse, entre 10% et 30% environ". Les campings qui ont le plus souffert sont ceux qui n'ont "ni piscine couverte ni mobil-homes", dit-il.
"La crise conjuguée à la mauvaise météo fait que les gens n'ont pas envie de partir et de gaspiller leur argent s'il fait mauvais temps".
Alors que la fréquentation des campings a reculé de 2% l'an dernier (en nuitées), M. Féraud veut croire en une météo de juillet clémente, car "on ne rattrapera pas ce qui a été perdu au printemps, et un deuxième mauvais mois de juillet après celui de l'an dernier serait difficile".
En montagne, peu d'impact car les stations sont fermées à cette époque, mais le tourisme "de bord de lac" est néanmoins un peu affecté, indique le président de Savoie Mont-Blanc Tourisme, Vincent Rolland.
"Il neigeait encore il y deux jours à Courchevel à 1.500 mètres, c'est inhabituel à la mi-mai...", renchérit Gilles Blanc-Tailleur, le maire et président de l'Association des maires de montagne.
Même chez Lastminute.com, spécialiste des escapades de dernier moment en Europe, "la Pentecôte a été difficile par rapport à l'an dernier", indique la directrice marketing, Barbara Guérin: surtout parce qu'"on avait engrangé beaucoup de réservations sur les vacances scolaires juste avant", mais aussi parce qu'"il y a un effet météo, comme sur les ventes pour Amsterdam par exemple".
Certains tirent néanmoins leur épingle du jeu, comme les 3.400 cottages des quatre Center Parcs de France (groupe Pierre et Vacances) qui selon une porte-parole étaient "tous pratiquement pleins lors du week-end de Pentecôte, grâce à leur concept intemporel".
De même, les Gîtes de France annoncent qu'ils ont enregistré une hausse de 25% des réservations sur un an en mai, favorisée notamment par des promotions.