Tout accord de libre-échange conclu avec les pays du Mercosur sera "équilibré" et reflétera la "sensibilité" de l'Union européenne sur les dossiers du boeuf et de l'éthanol, a affirmé à l'AFP le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, qui se rend samedi et dimanche au Salon de l'Agriculture à Paris.
Les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) sont en cours à Asuncion et les agriculteurs français ont manifesté leur inquiétude dans la rue cette semaine, craignant l'importation massive de viande bovine sud-américaine.
"Je peux assurer aux agriculteurs qu'il y aura un résultat équilibré à cet accord, qui reflétera nos sensibilités sur le boeuf et l'éthanol en particulier", a déclaré Phil Hogan dans un entretien à Bruxelles à la veille de l'ouverture du Salon parisien, le grand rendez-vous public du monde paysan.
Toutefois, la question de savoir si un accord sera signé dans les prochaines semaines "reste ouverte", a-t-il observé, alors que se préparent à partir d'avril des élections importantes au Brésil.
"Je pense qu'il ne faut pas tirer de conclusions hâtives jusqu'à ce qu'on voit le résultat final" de la session de négociation, a souligné l'Irlandais.
- Zones défavorisées -
Une autre source de mécontentement et de manifestations en France, la refonte de la carte des "zones défavorisées", qui bénéficient d'aides européennes, est suivie de près par Bruxelles.
"Nous avons donné les clarifications demandées par la France, qui doivent lui permettre d'ajuster certains critères en conséquence", a expliqué Phil Hogan.
Selon le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Travert, environ 1.400 communes françaises perdraient des aides européennes après la refonte de la carte des "zones défavorisées", qui date de 1976.
Tous les pays de l'UE sont en train de redéfinir ces zones et la Commission européenne a récemment allongé la date limite de réponse à janvier 2019.
Le président, Emmanuel Macron, qui a inauguré samedi le Salon de l'Agriculture, a rassemblé jeudi à l'Elysée le monde agricole français afin de rassurer en particulier les jeunes agriculteurs.
"On ne peut pas avoir un territoire agricole dynamique sans avoir plus de jeunes gens volontaires pour participer, qu'on doit encourager. Nous aurons un chapitre spécial sur les jeunes dans l'agriculture" dans la nouvelle Politique agricole commune (PAC), a assuré M. Hogan.
Cette PAC révisée pour l'après 2020 fera l'objet d'une proposition législative de la Commission fin mai, qui suivra celle très attendue sur le budget à long terme de l'UE.
Le "Cadre financier pluriannuel" (CFP) devra relever deux défis: la perte financière liée au départ du Royaume-Uni en 2019 et la volonté de soutenir de nouvelles politiques en matière de défense, de sécurité et de migration.
Cette équation fait peser des inquiétudes sur les deux piliers historiques de l'UE: la politique de cohésion, destinée à aider les régions les plus pauvres, et la PAC, qui accaparent à elles seules 70% du budget européen.
"Il y a des demandes en concurrence pour les fonds. Ces négociations ne font que commencer", a tempéré M. Hogan.