Quelques centaines de personnes ont manifesté dimanche devant le siège de Bombardier (TO:BBDb) à Montréal pour exprimer leur indignation face à la flambée des rémunérations de la haute direction du groupe aéronautique canadien, et le gouvernement du Québec a appelé l'entreprise à "revoir sa décision".
"Honte à Bombardier" scandaient des manifestants venus protester contre le bond de près de 50%, à 40 millions de dollars canadiens (30 millions d'euros) de l'enveloppe des rémunérations des plus hauts dirigeants du groupe.
Cette décision a provoqué un tollé de critiques au Québec, d'autant que le groupe a bénéficié d' importants apports de fonds publics pour faire face à ses difficultés financières.
Jean-Marc Fournier, ministre et leader parlementaire du gouvernement québécois, a déclaré être venu à la manifestation pour exprimer, au nom de son gouvernement, que celui-ci "entend la voix des Québécois".
"Nous souhaitons que Bombardier entende cette voix et revoie sa décision", a ajouté le ministre, interrogé sur place par la chaîne publique Radio Canada.
Des membres des partis d'opposition qui réclament que Bombardier renonce à appliquer ces augmentations, ont également participé à la manifestation.
La levée de boucliers a amené le président du conseil d'administration du groupe, Pierre Beaudoin, à annoncer vendredi soir qu'il entendait renoncer à son augmentation et demander que sa rémunération pour 2016 soit ramenée au niveau de celle de 2015.
Les cinq autres membres de la haute direction de Bombardier bénéficiaires des hausses, ne l'avaient toutefois pas imité dimanche.
Le groupe s'était efforcé de justifier les hausses samedi en plaidant que sa politique de rémunération est "saine" et reflète son besoin "d'attirer et de retenir les meilleurs talents".
Bombardier, qui a reçu un apport de 1,7 milliard de dollars canadiens de fonds publics, avait en outre supprimé près de 15.000 emplois depuis 2013 en invoquant ses difficultés financières.
L'Association internationale des machinistes et travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA) a pour sa part estimé dimanche dans un communiqué "qu'après l'indignation", il fallait "agir de façon à ce que cette problématique ne se reproduise plus".
Son coordonnateur québécois David Chartrand a jugé que "le gouvernement libéral (du Québec) a commis des erreurs" lorsqu'il a offert à Bombardier des liquidités "sans imposer les conditions nécessaires quant à l’utilisation des fonds".
"Pour éviter ce genre de situation, il est de plus en plus urgent que le gouvernement se penche sur une vaste politique industrielle", afin de "mieux encadrer les modes de financement comme l’octroi de prêts ou de subventions", a-t-il ajouté.