Le géant suisse de l'alimentaire Nestlé, qui s'est dit vendredi "raisonnablement optimiste" pour 2010, ambitionne de conquérir en dix ans un milliard de nouveaux clients dans les pays émergents et va multiplier ses investissements en Afrique, Amérique latine et en Asie.
"2009 a été intéressante mais turbulente et pleine de défis", a estimé le directeur général du groupe Paul Bulcke, qui s'est dit "raisonnablement optimiste pour 2010" lors de la présentation des résultats annuels au siège de Nestlé à Vevey (ouest de la Suisse).
Avec des ventes en baisse de seulement 2% à 107,6 milliards de francs suisses (73,5 milliards d'euros), Nestlé a assez bien traversé l'année de crise malgré sa forte dépendance des Etats-Unis, son premier marché, notamment grâce à des efforts accrus de marketing pour la trentaine de marques mondialement connues comme Nescafé, Maggi ou Kit Kat.
Aux Amériques, qui représentent 30% de son activité, ses ventes dans le secteur alimentation et boissons ont progressé en croissance organique de 6,5% et de 0,3% en Europe, région qui contribue pour un cinquième au chiffre d'affaires.
Sans renier l'importance de ces marchés, le propriétaire de Perrier, Nestea, et Nesquik voit l'avenir dans les pays émergents.
"Dans les dix années à venir, un milliard de nouveaux consommateurs (de pays) émergents vont pouvoir acheter nos produits chaque jour", a affirmé M. Bulcke.
"Les investissements dans les pays émergents sont clairement en hausse, c'est là qu'est la croissance à venir", a expliqué à l'AFP Frits van Dijk, directeur pour l'Asie, l'Océanie et l'Afrique, région dont les ventes ont progressé de 6,7% en 2009.
L'Afrique, où Nestlé possède 26 usines, a ainsi "été la zone qui a reçu ces deux dernières années les investissements les plus importants en usines et lignes de production", a ajouté M. van Dijk.
"Il y a un gros effort pour augmenter l'utilisation de produits qui sont cultivés localement, car jusqu'ici la plupart des matériaux étaient importés" dans ce continent qui fournit des millions de tonnes de café et de cacao par an à Nestlé, a-t-il poursuivi.
Que ce soit en Inde, en Chine ou en Afrique, Nestlé travaille pour que les clients du futur se familiarisent avec ses marques. "Nous essayons vraiment de pénétrer les zones rurales", fait remarquer M. van Dijk.
Le groupe, qui refuse de détailler ses ventes par pays, a réalisé en 2009 "une croissance à deux chiffres" sur les marchés chinois et brésiliens notamment.
En 2009, Nestlé a ouvert deux usines immenses, de bouillons en Chine, où sont établis trois de ses centres de recherche et développement, et de cafés solubles au Mexique. Selon le groupe, il s'agit des "plus grandes au monde".
Nestlé, qui prévoit pour 2010 une hausse des ventes organiques supérieure à celle de 4,1% enregistrée en 2009, a souligné les incertitudes qui pèsent sur la reprise dans les pays développés durement touchés par la crise et où la concurrence est rude.
"Le feu est éteint mais il faut encore panser les plaies", a estimé M. Bulcke, rappelant qu'en Europe, le taux de chômage avait commencé à augmenter récemment seulement.
Nestlé a publié vendredi un bénéfice net de 10,4 milliards de francs suisses (7,1 milliards d'euros) pour 2009, conforme aux prévisions. Ce chiffre est en forte baisse par rapport à 2008 (-42%), année où le groupe avait engrangé un gain exceptionnel de 9,2 milliards après la vente d'Alcon. Sur la base des activités poursuivies, il a progressé de 25,7%.