Les crédits accordés au secteur privé dans la zone euro ont progressé de 2,6% en février sur un an, après une hausse de 2,4% en janvier, a annoncé vendredi un porte-parole de la Banque centrale européenne (BCE).
Après un mieux de 0,5% en janvier, un chiffre révisé à la hausse, les crédits aux entreprises ont augmenté de 0,6% en février. Auparavant, cet indicateur avait été en recul pendant de nombreux mois.
Les crédits aux particuliers ont affiché une progression de 3% contre 3,1% en janvier.
Ces chiffres "montrent que les crédits au secteur privé continuent leur hausse progressive dans la zone euro (...). Les banques accordent davantage de crédits aux entreprises comme aux ménages", note Holger Schmiedling, de Berenberg.
Pour Marco Valli, économiste en chef chez UniCredit, "la confirmation d'une reprise modérée mais soutenue des crédits est l'une des principales raisons de la volonté de la BCE de normaliser ses taux d'intérêt bientôt".
"L'indice PMI publié hier et l'Ifo allemand aujourd'hui montrent que la zone euro gère remarquablement bien le choc pétrolier et la crise de la dette. Seule une perturbation majeure des marchés financiers au cours des prochains jours pourrait convaincre la BCE de ne pas ouvrir le feu en avril", poursuit-il.
Le taux d'intérêt directeur de la BCE est fixé à 1%, son plus bas niveau historique, depuis mai 2009. Le président de la BCE Jean-Claude Trichet avait suggéré début mars une augmentation lors de la prochaine réunion des gouverneurs sur les taux le 7 avril.
Howard Archer, de Global Insight, nuance toutefois les propos de ses confrères jugeant la hausse des crédits enregistrée "modérément encourageante sur la capacité et la volonté des banques de fournir les liquidités nécessaires pour soutenir l'activité économique", en particulier dans les pays les plus en difficulté.
"Le fait que la BCE ait choisi de poursuivre ses mesures d'urgence de liquidités (en faveur des banques) jusqu'en juillet au moins (...) en est l'illustration", juge-t-il.
L'économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, avait toutefois indiqué mardi que la BCE était en "phase de retrait" de ses mesures exceptionnelles d'allocation de liquidités aux banques, devenues "moins dépendantes" de ces opérations.
Quant à la masse monétaire M3, qui permet à la BCE de déceler des menaces inflationnistes à moyen terme, la BCE a annoncé qu'elle avait progressé de 2% contre 1,5% en janvier, soit plus que le consensus d'analystes réuni par l'agence Dow Jones Newswires qui attendait +1,7%.
Ce chiffre, couplé à la hausse des crédits, "confirme que les pressions inflationnistes sous-jacentes restent contenues", estime Ben May de Capital Economics, ce qui signifie que la BCE "n'aura pas besoin d'une hausse agressive de ses taux pour atteindre son objectif d'inflation".
La plupart des économistes s'attendent à une hausse du taux directeur de la BCE de 25 points de base à 1,25%.