Areva a recommencé lundi à traiter les combustibles nucléaires usagés d'EDF, avec une semaine de retard sur le planning de départ en raison du différend qui oppose les deux piliers du nucléaire français, mais aucun accord n'est encore signé, selon Areva.
"Les activités de cisaillage des combustibles" EDF, première étape du retraitement d'un combustible nucléaire usagé sortant d'une centrale, "ont redémarré ce matin", a indiqué Jean-Jacques Dreher, directeur de l'usine de retraitement Areva à Beaumont-Hague (Manche), lors d'une conférence de presse de bilan annuel du site.
Interrompues comme chaque année pour les congés de fin d'année, ces activités devaient reprendre il y a une semaine, a précisé le numéro un du site, mais un désaccord s'est fait jour sur le coût du traitement annuel par Areva de près de 1.000 tonnes de combustibles usé d'EDF.
Selon une source proche du dossier, le contrat est de l'ordre de 800 millions d'euros par an.
L'accord que Matignon a demandé mercredi au premier électricien européen et au leader mondial du nucléaire de trouver dans les deux semaines sur ce dossier n'est toutefois pas signé, a indiqué M. Dreher. Il est "trop tôt" pour dire quand il le sera, mais "je n'imagine pas qu'on ne parvienne pas à un accord", a ajouté M. Dreher.
Les négociations portent sur les modalités d'application sur la période 2008-2012 d'un accord-cadre sur le retraitement entre 2008 et 2040 des combustibles usés d'EDF, principal client d'Areva.
Areva pense toujours "franchir le cap des 1.000 tonnes" de combustibles usés retraités en 2010, "première étape" vers l'objectif des 1.500 tonnes annuelles en 2015, a précisé M. Dreher.
En 2009, l'usine de retraitement, l'une des rares existant dans le monde, a retraité 929 tonnes de combustibles usés, dont 79 d'origine italienne, le reste provenant d'EDF.
Areva a réaffirmé avoir de "nombreux prospects" de contrats à l'étranger pour atteindre ses objectifs en 2015, mais estime toujours "prématuré de citer les pays concernés". Lors du bilan 2008, Areva avait estimé que des contrats étrangers pourraient être finalisés en 2009.
De nombreux électriciens dans le monde stockent leurs combustibles usés dans des piscines et Areva espère les convaincre de les retraiter. Mais cette opération fait débat, Areva estimant que son processus industriel permet "de recycler potentiellement" 96% de la matière nucléaire usée alors que les antinucléaires affirment que les matières retraitées ne sont en pratique quasiment jamais réutilisées.