Le chômage, premier sujet de préoccupation et de mécontentement des Français, continuera sa hausse à l'horizon de juin 2010 mais "à un rythme plus modéré" qu'en 2009 selon l'Insee, moins sombre dans ses prévisions qu'il y a six mois.
La courbe du chômage, tombée brièvement début 2008 à son plus bas niveau en 25 ans tout en restant loin du plein emploi, grimperait à 9,4% de la population active en décembre, puis à 9,8% en juin 2010 -soit 9,8% et 10,2% en incluant l'outre-mer-.
En juin dernier, l'Insee voyait la France au-delà des 10% de chômeurs dès Noël.
"La hausse du chômage est moins forte du fait de la fragile reprise de l'activité", selon Benoît Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee.
Mi-2010, le chômage reviendrait à "son plus haut niveau depuis 1999", alors que le Bureau international du Travail (BIT) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s'inquiètent de voir s'installer un chômage de masse comme dans les années 1990, préjudiciable à la stabilité budgétaire et à une reprise de la demande, dont la consommation reste le grand moteur.
Raymond Torres, du BIT, appelle ainsi à se méfier du discours sur les contraintes fiscales et la dette publique. "Pour certains, on a l'impression qu'il suffirait d'ouvrir une Croix-Rouge sociale et que, pas de chance, après avoir aidé les banques, il n'y aurait plus d'argent pour éviter des licenciements supplémentaires ou aider ceux qui ont perdu leur emploi".
Or, souligne auprès de l'AFP cet expert issu de l'OCDE, "sur le plan économique, c'est contreproductif", "il faut au contraire à tout prix éviter l'éviction hors du marché du travail de nombreux chômeurs, très difficiles ensuite à réinsérer".
Selon l'Insee, 2009 rayera de la carte un nombre record de 451.000 emplois salariés du secteur marchand, le plus sensible à la conjoncture. Moins que ce que craignait l'Insee (-700.000) mais le triple de l'année 2008 (-145.000).
Comme on revient de très loin, l'année 2010 aura des allures de répit, avec 126.000 emplois détruits au premier semestre et "a priori moins au deuxième semestre", selon M. Heitz.
Seul le secteur dit "non marchand" crée de l'emploi (+9.000 début 2010, après +63.000 emplois en 2009 et 30.000 en 2008), dynamique dans les établissements privés de la santé, de l'action sociale ou l'éducation.
La crise a aussi paré de vertus nouvelles les contrats aidés relancé par le gouvernement, qui continue pourtant à critiquer les "emplois jeunes" lancés par les socialistes.
Trois-quart de Français (77%) ne jugent "pas efficace" la politique économique de Nicolas Sarkozy contre le chômage, selon le dernier baromètre mensuel Viavoice/Libération.
Une majorité de 59% citent "l'emploi et la lutte contre le chômage" comme le premier des domaines "sur lesquels les pouvoirs publics devraient faire porter prioritairement leur effort", devant l'éducation nationale, la sécu ou l'environnement, selon un baromètre BVA/Paul Delouvrier publié en début de semaine.
Quant au pouvoir d'achat des ménages, dont M. Sarkozy s'était fait le chantre durant la campagne présidentielle, il profiterait cette année de la quasi-stabilité des prix (+2,2% après +0,7% en 2008 et +3% en 2007).
Mais il "tendrait à ralentir début 2010 (+0,7% au 1er trimestre et -0,3 au 2ème trimestre) pénalisé par la remontée d'inflation et la faiblesse des revenus d'activité" et pesant sur la consommation.
Interrogée pour savoir si de meilleurs salaires favoriseraient la sortie de crise, comme le soutiennent les syndicats, l'Insee estime "ne pas avoir à répondre à cette question".