Au cinquième jour d'une grève illimitée dans les raffineries de Total, qui n'a pour le moment pas entraîné de pénurie d'essence, direction et syndicats de l'entreprise se sont retrouvés dimanche juste avant une rencontre entre le Pdg du groupe et le ministre de l'Industrie.
Ce dernier, Christian Estrosi, devait recevoir le patron de Total, Christophe de Margerie, en fin d'après-midi, au sujet de l'avenir de la raffinerie de Dunkerque (370 salariés), menacée de fermeture, et dont le sort est à l'origine du conflit.
Juste avant la rencontre avec les syndicats, au siège de l'entreprise à La Défense, la direction de Total a assuré que la grève n'entraînait "pas de risque de pénurie d'essence pour ce week-end" et qu'un nouveau point sur ce sujet serait fait lundi.
Le conflit n'a effectivement pas provoqué de pénurie de carburants durant le chassé-croisé sur les routes des vacanciers des différentes zones samedi et dimanche, mais, selon les experts, il constitue une réelle menace à plus long terme.
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a déclaré dimanche sur France 2 "ne pas exclure" une pénurie si la grève se prolonge, car "un pays comme la France n'a pas la capacité et les réserves pour vivre durablement avec une paralysie de la filière du raffinage".
Les syndicats ont réclamé à leur arrivée que la rencontre consiste en de réelles négociations. Lors d'une suspension de séance, la CGT, premier syndicat du groupe, a indiqué que si la direction acceptait la tenue d'une table ronde sur l'avenir du site de Dunkerque, elle refusait d'en tenir une autre, au plan national, sur l'avenir du raffinage pétrolier en France.
Un porte-parole de la direction a précisé pour sa part que la réunion devait être "longue". Christophe de Margerie n'y participe pas, se réservant pour sa rencontre avec Christian Estrosi.
Le ministre a déclaré dimanche sur France Inter qu'il allait s'assurer auprès de son interlocuteur "qu'à aucun moment nous ne mettrons en péril l'activité économique et sociale du bassin de Dunkerque, que nous garantirons l'emploi des salariés de Total et la non fermeture de la raffinerie".
Il avait indiqué le 16 février avoir déjà dit à Total: "le jour où vous apporterez votre projet de substitution pour les employés de Total et les sous-traitants du site, alors le gouvernement admettra que vous mettiez fin à l'activité" de raffinage.
Total doit en principe annoncer officiellement le 29 mars ce qu'il compte faire du site de Dunkerque. Il a indiqué à plusieurs reprises qu'il garantirait à chacun des salariés, en grève depuis un mois, "un emploi" dans le groupe "correspondant à ses compétences", sans "aucun licenciement", et qu'il ferait "preuve de responsabilité à l'égard du port de Dunkerque et des entreprises sous-traitantes", qui emploient quelque 400 à 450 salariés.
Total a aussi assuré qu'aucune autre raffinerie du groupe n'était menacée de fermeture.
Ces déclarations n'ont pour le moment pas rassuré les salariés des cinq autres raffineries --Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges, Grandpuits, Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône)-- qui, après avoir fait grève 24 heures mercredi à l'appel de la CGT, Sud, la CFDT et FO, ont poursuivi jeudi le mouvement pour une durée illimitée.
Total assure environ la moitié de l'approvisionnement des stations-service françaises.
Mais la CGT d'Exxonmobil a appelé vendredi les salariés des deux raffineries du groupe, à Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), à la grève à partir de mardi, là aussi pour protester contre le "désengagement" du raffinage.