Le moral des industriels français, qui s'était effondré avec la crise, a marqué une nouvelle pause en février dans sa lente remontée (91 points), les entrepreneurs ayant de faibles perspectives de production pour les prochains mois, a annoncé vendredi l'Insee.
L'indicateur synthétique du climat des affaires dans l'industrie manufacturière avait chuté tout au long de la récession pour atteindre un plus bas historique à 69 points en mars 2009, selon l'Institut national de la statistique.
Il s'est depuis redressé, sans parvenir à sa moyenne de longue période (100 points). Il plafonne depuis octobre autour de 90 points.
Les patrons estiment en février que leur activité passée est restée stable après avoir progressé le mois précédent, à un niveau proche de sa moyenne de longue période.
En revanche, les perspectives personnelles de production pour les mois à venir sont toujours faibles.
Un sentiment renforcé par des carnets de commandes jugés peu étoffés. Ils ont même tendance à se dégarnir à nouveau en ce qui concerne l'export, "en raison du climat conjoncturel détestable chez nos principaux partenaires commerciaux (Royaume-Uni, Espagne, Allemagne, Italie en particulier)", dit Alexander Law, du cabinet d'études Xerfi.
En conséquence, la demande restant atone, les entreprises n'ont pas réellement reconstitué leurs stocks de produits finis, qui pourraient pourtant permettre de soutenir la reprise. L'indice les mesurant est resté stable en février, 14 points en-dessous de sa moyenne de longue période.
Après la belle performance de la France fin 2009, avec une croissance de 0,6% au dernier trimestre supérieure au reste de la zone euro, ce début d'année "risque d'être fort compliqué", dit Alexander Law. "Il n'y a pas grand-chose à attendre de bon du côté de la production industrielle au cours des prochaines semaines", affirme-t-il.
Pour Marc Touati, de Global Equities, ces évolutions "ne sont que la correction de la flambée artificielle du second semestre 2009, c'est-à-dire de la perfusion sur-vitaminée issue de la prime à la casse".
Or "le secteur automobile doit désormais redescendre sur terre", dit-il. "Les carnets de commandes s'effondrent: -14 points pour les commandes de l'étranger et -30 points pour les commandes totales", précise-t-il.
Seule bonne nouvelle de février, les patrons ont une assez bonne opinion de l'activité de l'industrie dans son ensemble. Mais c'est un "triste paradoxe", selon Alexander Law, qui "signifie que les chefs d'entreprise veulent bien croire en la reprise, mais qu'ils ne la voient pas encore arriver dans leur propre secteur".