Le ministre britannique des Finances s'est montré sceptique dimanche concernant les propositions américaines de réforme du secteur bancaire, estimant qu'elles n'auraient pas empêché la crise financière et qu'elles risquaient de nuire au consensus international.
Le président américain Barack Obama a attaqué frontalement les banques jeudi en annonçant son intention d'inscrire dans la loi des mesures limitant leur taille et leurs activités pour mettre fin aux excès à l'origine de la crise financière.
Ce projet encore vague prévoit également d'interdire à toute banque collectant de l'épargne et des dépôts de spéculer sur les marchés pour son propre compte.
"C'est toujours difficile de dire ex ante que vous n'interviendrez pas pour secourir un certain type de banque", a indiqué Alistair Darling au Sunday Times.
"En ce qui concerne Lehman (Brothers), par exemple, il n'y avait pas un seul compte de dépôt mais les administrations américaines de l'époque l'ont laissée s'effrondrer et cela a entraîné la crise du reste du système dans la foulée", a-t-il souligné.
Selon lui, diviser les établissements pour en faire des entités légales distinctes "n'est pas ce qui est nécessaire. Ce qui est nécessaire, c'est la connectivité entre elles au sujet de leurs transactions financières".
"De même, le concept grande-petite (structure) ne tient pas. (La banque britannique secourue) Northern Rock était très petite à l'échelle internationale mais elle a pris une assez grande importance systémique lorsqu'elle a eu des problèmes", a-t-il ajouté.
Le ministre a précisé que le Royaume-Uni poursuivrait ses travaux avec les Etats-Unis au sujet de la réforme financière tout en soulignant que toute proposition devait être "exploitable et réalisable".
Il a également estimé que toute action devait être internationale.
"Si chacun s'occupe de ses affaires dans son coin, on aboutira à absolument rien du tout", a expliqué M. Darling.
"Les banques sont internationales --elles sont tout à fait capables de s'organiser de telle façon que si un régime est difficile dans un pays, elles iront dans un autre et cela ne sera positif pour personne", a-t-il poursuivi.