La Banque centrale européenne (BCE) a prêté mercredi plus de 442 milliards d'euros aux banques via sa toute première opération de refinancement sur un an, l'une des mesures les plus spectaculaires prises par l'institution pour relancer le crédit.
Au total, 1.121 banques ont demandé des crédits sur douze mois, au taux fixe de 1%, précise la BCE dans un communiqué. Comme prévu, toutes les requêtes des banques ont été honorées.
Le montant dépasse le précédent record d'allocation de décembre 2007, quand la BCE avait prêté près de 349 milliards d'euros à l'occasion d'une opération de refinancement, qui courait toutefois sur deux semaines seulement.
"La BCE fait aujourd'hui ce qui est juste et nécessaire pour éviter une pénurie du crédit", a commenté à propos de l'opération le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück lors d'une conférence de presse sur les prévisions budgétaires du gouvernement à Berlin.
La demande s'est avérée "légèrement plus forte que prévue", souligne de son côté Elga Bartsch, économiste chez Morgan Stanley, mais il faudra du temps avant de pouvoir apprécier la portée de cet appel d'offres.
Pour les banques, cette opération sur un an constitue une bonne occasion, peut-être la dernière, d'emprunter des liquidités à si bon marché sur une longue période.
Pour les deux autres opérations prévues fin septembre et à la mi-décembre, la BCE avait indiqué début mai qu'elle se laissait la possibilité d'ajouter un intérêt au principal taux directeur, en fonction de la situation économique du moment.
La plupart des experts ne misent désormais plus sur une nouvelle baisse du principal taux, tombé de 4,25% en octobre dernier au niveau historique de 1%. Plusieurs banquiers centraux européens ont déjà fait comprendre que le statu quo était désormais de mise.
Axel Weber a ainsi jugé mardi qu'il n'était actuellement pas "nécessaire" pour la BCE de prendre de nouvelles mesures de politique monétaire pour soutenir la conjoncture.
Les marchés anticipent en réalité déjà une remontée des taux directeurs, qui déterminent le niveau du crédit dans les 16 pays de la zone euro, dès l'an prochain.
L'opération de ce mercredi arrivera à maturité le 1er juillet 2010. A cette date, si l'hypothèse de la BCE se confirme, l'économie devrait avoir recommencé à croître.
Outre la baisse des taux directeurs, la BCE a pris toute une panoplie de mesures destinées à stimuler le crédit. L'objectif premier était et reste de restaurer la confiance entre banques, en leur assurant un approvisionnement continu en liquidités.
Les crédits bancaires étant de loin les principales sources de financement pour les entreprises en zone euro, la démarche de la BCE paraît donc raisonnable aux yeux des économistes.
Elle avait débuté ses injections de liquidités sur le marché monétaire à l'été 2007, peu après l'effondrement du marché des crédits hypothécaires à risque ("subprime").
Après la faillite la banque Lehman Brothers en septembre 2008 et la débâcle des marchés qui a suivi, elle a décidé d'élargir son arsenal d'opérations de refinancement, en rallongeant notamment leur maturité et en décidant de répondre à la totalité des demandes des banques.
Toutes ces mesures n'ont pas réussi à relancer réellement le marché monétaire et n'ont pu empêcher une raréfaction du crédit, devenu plus aiguë alors que la zone euro a glissé dans la récession à la fin 2008.
Le montant massif de liquidités alloué lors de l'opération sur un an, pour impressionnant qu'il soit, pourrait aussi ne pas avoir les effets escomptés.
"Il n'y a aucune garantie que les banques vont utiliser ces liquidités supplémentaires pour prêter davantage" aux industriels ou particuliers, prévient ainsi Danielle Antonien, de Capital Economics.