PARIS (Reuters) - Les Républicains ont relativisé lundi la progression du Front national dans les intentions de vote pour les régionales après les attentats du 13 novembre, estimant que les électeurs n'ajouteraient pas au "désordre sécuritaire" un "désordre démocratique".
Deux sondages diffusés vendredi dernier par OpinionWay et Harris Interactive placent le Front national en tête des intentions de vote pour le premier tour du scrutin des 6 et 13 décembre alors que les listes d'union de la droite reculent.
Selon une enquête Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions réalisée du 19 au 21 novembre pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la liste FN conduite par Marion Maréchal-Le Pen obtiendrait 40% des voix dès le premier tour contre 37% avant les attentats du 13 novembre.
Elle devance nettement la liste Les Républicains-UDI-MoDem de Christian Estrosi, créditée de 30% contre 32% précédemment. La liste PS-PRG-MRC de Christophe Castaner n'obtiendrait que 16% des voix.
Au second tour, la députée FN l'emporterait avec 41% (+3) des voix devant Christian Estrosi (34%,-2) et Christophe Castaner (25%,-1).
"Je ne pense pas que les régionales ne se feront que sur les attentats. Il y a tout de même un bilan du Parti socialiste dans les régions qui est honteux", a réagi lundi le sénateur LR Roger Karoutchi en marge d'un point de presse consacré au tournant sécuritaire de François Hollande.
PROGRESSION "MÉCANIQUE" DU FN
La campagne pour les régionales, mise entre parenthèses après les attentats, a débuté officiellement lundi.
"En Ile-de-France, on n'a pas repris les tractages, on va à la rencontre des gens qui sont très inquiets, très interrogatifs. Après tout, parler aux gens, c'est pas plus mal", déclare Roger Karoutchi, élu des Hauts-de-Seine et conseiller régional d'Ile-de-France.
"Le FN progresse mécaniquement. Est-ce que c'est l'émotion?", s'interroge-t-il. "Il y aura un rééquilibrage, je ne suis pas très inquiet sur l'évolution des sondages."
Le député LR du Rhône Georges Fenech, secrétaire national chargé de la justice au sein du parti d'opposition, a dit avoir "l'intime conviction qu'au désordre sécuritaire, les Français ne voudront pas ajouter un désordre démocratique."
Nicolas Sarkozy reprend la campagne mercredi avec une réunion publique à Schiltigheim (Bas-Rhin) dans la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne où se présente le vice-président du FN, Florian Philippot.
"Toute la thématique de ces derniers jours, le fait qu'une partie importante des assassins viennent de l'immigration française, les ratés en termes de suivi judiciaire et de suivi des fiches S, sont favorables au FN", estime le politologue Pascal Perrineau. "Il y a pour le FN quelque chose de porteur. »
"La seule atténuation à cette dynamique est que les Français sont en attente d'hommes et de femmes d'Etat, ils veulent des gens qui assurent, qui connaissent la diplomatie, les rouages de l'Etat et là, Marine Le Pen continue à avoir une faiblesse ainsi que les hommes et les femmes qui l'entourent", ajoute-t-il.
(Sophie Louet avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)