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Comment l'OCDE, organisation libérale vieillotte, est devenue l'expert préféré des gouvernements

Publié le 01/06/2015 10:58
Mis à jour le 01/06/2015 13:16
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria à Athènes le 11 février 2015 (Photo Aris Messinis. AFP)

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria à Athènes le 11 février 2015 (Photo Aris Messinis. AFP)

Le point commun entre un collégien finlandais, une banque suisse et un ministre grec ? L'OCDE, organisation libérale qui végétait dans son château parisien, avant de se reconvertir en centre d'expertise incontournable.

"Quand j'ai commencé ma carrière (au ministère des Finances français) en 1996, on m'a envoyé rendre une visite à l'OCDE. Je me suis dit +Mon Dieu, pourvu que je ne finisse jamais là-dedans+", dans cette "organisation de seconde zone", raconte à l'AFP Pascal Saint-Amans.

Pourtant, en 2007, l'énarque y retourne. Au moment où, selon ses mots, l'Organisation de coopération et de développement économiques "décolle".

Si l'OCDE, où Pascal Saint-Amans pilote l'un des plus gros chantiers, la lutte contre la fraude fiscale, a "décollé", c'est grâce à celui qui est son secrétaire général depuis 2005, Angel Gurria. Les 34 Etats membres viennent, à l'unanimité, de lui confier un troisième mandat, jusqu'en 2021.

L'énergique Mexicain, friand de mondanités, présidera les 2 et 3 juin le "Forum" de l'OCDE, grand raout annuel de l'organisation. Il y recevra une foule de personnalités, dont le président français François Hollande.

Rien à voir avec l'OCDE que trouve M. Gurria à son arrivée, une institution consultative vieillotte, émanation du plan Marshall visant à reconstruire l'Europe après 1945, étroitement associée ensuite au bloc de l'Ouest.

Pour lui redonner du lustre, M. Gurria ouvre son carnet d'adresses. Ministre des Finances du Mexique de janvier 1998 à décembre 2000, il s'est fait un nom en renégociant habilement la dette de son pays, avec le soutien de Washington, de loin premier contributeur financier de l'OCDE.

Lorsque la crise de 2008 éclate, il s'impose à la table du G20, le groupe des grandes puissances, qui tente de coordonner la réponse au cataclysme économique.

Jovial, polyglotte et tenace, M. Gurria sillonne le monde, ses rapports sous le bras.

L'OCDE produit des évaluations des systèmes scolaires (Pisa), qui consacrent tantôt les collégiens finlandais, tantôt les adolescents d'Asie. Mais aussi des études sur les beuveries des jeunes, des listes noires de paradis fiscaux pointant la Suisse, des rapports sur les inégalités, et des prévisions de croissance.

- Plus pertinente -

"Aujourd'hui l'OCDE est plus pertinente, a plus d'impact, peut-être parce que nous avons mieux identifié les sujets qui intéressent nos membres", explique M. Gurria à l'AFP.

"Nous ne sommes pas un +think tank+, nous sommes un +do tank+, ce qui signifie que les recherches que nous faisons sont destinées à servir des politiques publiques, et non à des séminaires ou des discussions politiques", souligne-t-il.

Les gouvernements se pressent pour écouter les recommandations, toujours souriantes et parfaitement facultatives, du secrétaire général.

En octobre dernier, François Hollande, déjà, se rend à l'Organisation avec une cohorte de ministres pour l'entendre vanter ses réformes.

Lorsqu'à la fin de l'été 2014 l'atmosphère devient irrespirable à Athènes, la Grèce et ses créanciers trouvent refuge pour discuter à l'OCDE.

En février 2015, lorsque la gauche radicale Syriza arrive au pouvoir, elle consulte l'OCDE. Le Premier ministre Alexis Tsipras assure se sentir "à l'aise" avec cette institution, qui pourtant prône la flexibilité du marché du travail, la maîtrise des dépenses publiques, la concurrence.

"L'organisation ne s'est pas transformée en repère de trotskystes", rigole Pascal Saint-Amans. "Les fondamentaux restent libéraux, mais il y a une prise en compte de sujets comme la justice fiscale, les inégalités."

Pour couvrir tous ces sujets, l'institution, dotée pour 2014 d'un budget de 357 millions d'euros, recrute comme un cabinet de conseil privé.

Elle propose de courtes missions, bien payées: jusqu'à 6.800 euros par mois pour un "analyste des politiques de l'énergie", avec une expérience de 3 ans minimum.

Le tout exonéré d'impôt sur le revenu. L'OCDE, chantre de la justice fiscale, bénéficie comme d'autres organisations internationales d'une exemption. Est-ce pour compenser? L'organisation n'est pas cachottière sur les rémunérations, dévoilant ainsi le salaire de son patron, un peu plus de 200.000 euros pour la rémunération "de base" en 2014.

Ce "club des pays riches" s'ouvre aussi, lentement, aux puissances moyennes et aux pays émergents. L'Estonie, le Chili, Israël et la Slovénie ont rejoint ses rangs, d'autres comme la Colombie s'y préparent. Brésil, Chine et Inde sont consultés.

- Pas toujours convaincante -

Mais le "monde selon l'OCDE" ne convainc pas toujours.

Les tests Pisa menés à intervalles réguliers sur les compétences scolaires des jeunes de nombreux pays, sont controversés. L'an dernier, des universitaires du monde entier ont publié dans le Guardian une tribune contre des tests jugés trop utilitaristes et trop quantitatifs.

"Nous ne comprenons pas comment (l'OCDE) a pu devenir l'arbitre des fins et des moyens de l'éducation dans le monde", plutôt que l'ONU ou l'Unicef, écrivent-ils.

Le pilotage par l'OCDE des négociations internationales contre la fraude et l'optimisation fiscale est également remis en cause.

"Le processus est biaisé", en faveur des pays riches, dit à l'AFP Manon Aubry, de l'ONG Oxfam France. "Les pays en développement ne sont pas impliqués dans les négociations, or quand on n'est pas assis à la table, on finit dans les assiettes."

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