par Clair MacDougall et Daniel Flynn
MONROVIA/DAKAR (Reuters) - Deux médecins libériens, contaminés par le virus Ebola, vont suivre un traitement expérimental qui a déjà été administré à deux ressortissants américains et à un prêtre espagnol décédé mardi, alors que l'épidémie a fait plus d'un millier de morts.
Le virus a tué 1.013 personnes sur les 1.848 cas recensés depuis mars en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia et au Nigeria, selon le dernier bilan communiqué par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En trois jours, depuis le 9 août, 52 décès supplémentaires ont été signalés.
Une commission d'experts de l'OMS a estimé mardi que l'utilisation de médicaments ou de vaccins non homologués comme moyens de traiter ou de prévenir l'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest était conforme à l'éthique médicale.
L'OMS souligne que la fourniture de traitements expérimentaux contre le virus Ebola exige une information, une liberté de choix et un respect du patient et que l'administration de ces traitements doit se faire dans le cadre du secret médical.
L'organisation internationale précise que les doses de sérum expérimental ZMapp, fabriqué par la société pharmaceutique américaine Mapp Biopharmaceutical, étaient limitées en quantité - seules 12 doses ont été fabriquées, selon un porte-parole de l'OMS -, ce qui soulève des questions éthiques concernant notamment la définition des patients à traiter en priorité.
Deux médecins libériens doivent recevoir ce traitement expérimental qui va être envoyé des États-Unis après l'approbation de l'agence américaine du médicament (FDA) et devrait arriver sous deux jours, a annoncé le ministre libérien de l'Information Lewis Brown. Ils seraient ainsi les premiers Africains à bénéficier du traitement.
DES DOSES DE ZMAPP INSUFFISANTES
Deux travailleurs de santé américains évacués la semaine dernière ont été les premiers à recevoir des doses de ZMapp. Actuellement traités dans un hôpital d'Atlanta, les deux patients présentent des signes d'amélioration.
Les autorités espagnoles ont en revanche annoncé mardi que le missionnaire espagnol de 75 ans, contaminé par le virus Ebola lors d'un séjour pour une mission humanitaire au Liberia et également soigné à l'aide du sérum expérimental, était décédé dans un hôpital de Madrid.
L'épidémie peut être contenue par des interventions telles que le dépistage précoce et l'isolation, le suivi des personnes ayant été en contact et l'application de procédures rigoureuses de contrôle de l'infection", ont déclaré les experts de l'OMS dans un communiqué. "Cependant, un traitement spécifique ou un vaccin seraient de puissants atouts pour contrer le virus."
Des tests cliniques seront probablement pratiqués sur des humains au cours des deux à quatre prochains mois, selon l'OMS, qui avertit que même si ces phases de test sont couronnées de succès, les quantités de sérum disponible resteront limitées.
"Il est probable que le nombre de doses disponibles pour des tests plus avancés et/ou pour un déploiement à partir de fin 2014 soit insuffisant pour répondre à la demande", lit-on dans le communiqué.
Le personnel médical est confronté à un manque d'équipement et de formation pour faire face à l'épidémie. Plus de 60 travailleurs de santé sont morts et des dizaines ont été infectés, entravant gravement la capacité des pays touchés à endiguer l'épidémie.
(Avec Kate Kelland et Stéphanie Nebehay à Genève; Agathe Machecourt pour le service français, édité par Tangi Salaün)