Raoul Weil ne souhaitait pas que la banque UBS (SIX:UBSN) ferme les comptes des clients américains qui fraudaient le fisc, a affirmé jeudi Martin Liechti, témoin à charge dans le procès du banquier suisse qui se déroule aux Etats-Unis.
Martin Liechti, qui dirigeait les opérations de la banque suisse aux Etats-Unis, a affirmé qu'il avait fait pression pendant plusieurs années pour que les comptes de ces clients soient fermés car ils violaient la loi américaine dans le but de frauder le fisc.
Il témoignait jeudi, cité par l'accusation, lors du procès intenté par les autorités américaines contre Raoul Weil et qui se tient à Fort Lauderdale (Floride, sud-est)
Mais Raoul Weil, ancien responsable de la division gestion de fortunes chez UBS, estimait au contraire que ces comptes devaient être conservés, a-t-il affirmé.
Martin Liechti est le témoin clé du gouvernement pour tenter de prouver la culpabilité de Raoul Weil, un citoyen suisse de 54 ans, et l'aide qu'il aurait apportée à plus de 20.000 clients américains pour dissimuler au fisc quelque 20 milliards de dollars.
La défense de M. Weil, arrêté en Italie en 2013 puis extradé aux Etats-Unis, rejette la responsabilité sur ses subalternes, notamment M. Liechti.
Les avocats de l'accusé vont interroger à leur tour Martin Liechti vendredi. Ils affirment que celui-ci ment pour tenter de se disculper après avoir été arrêté en 2008 par les Américains mais remis en liberté en échange d'un témoignage contre M. Weil.
"M. Weil ne voulait pas que nous interrompions ces activités sans obtenir des garanties", a affirmé Martin Liechti jeudi. Il "pensait que nous avions du temps et voulait plus d'argent", a-t-il affirmé.
En octobre 2007, la direction d'UBS avait pris la décision de fermer les comptes concernés mais les autorités américaines avaient déjà progressé dans leur enquête, a-t-il dit.
Martin Liechti, qui avait pourtant qualifié la veille Raoul Weil "d'ami", a indiqué jeudi que ce dernier était un "micromanager" qui "savait tout".
Depuis le début de son procès le 14 octobre, Raoul Weil s'est toujours montré impeccablement habillé, a affecté une attitude posée et s'est pris même parfois à sourire. Il encourt cinq ans de prison et une importante amende.
UBS collabore avec les autorités américaines dans le cadre d'un accord conclu en février 2009 qui lui a valu une amende de 780 millions de dollars. Elle leur a par exemple livré le nom de plusieurs milliers de ses clients américains soupçonnés de frauder le fisc.