Environ 200 salariés de l'usine Seita de Carquefou (Loire-Atlantique), filiale du britannique Imperial Tobacco, ont défilé mardi en fin de matinée dans les rues de Nantes pour protester contre la fermeture du site dans le cadre d'un plan social, a constaté une journaliste de l'AFP.
Cette manifestation intervient à la veille d'un ultime comité central d'entreprise (CCE) sur les mesures d'accompagnement du plan social de Seita, annoncé en avril, qui comporte 366 suppressions nettes d'emplois, soit près du tiers de ses effectifs (1.150), et prévoit notamment la fermeture de Carquefou, sa plus grosse usine, avec 327 salariés.
Les manifestants, le poing levé derrière deux banderoles proclamant "Luttons pour la sauvegarde de nos emplois" et "Aujourd'hui, c'est nous, demain peut-être vous", entendent "mettre la pression" sur leur direction, avant ce dernier round de négociations.
Les trois syndicats de l'entreprise refusent toujours de signer un accord sur les mesures d'accompagnement, et demandent à Seita un délai pour rediscuter du plan. Lundi soir, les échanges se poursuivaient, selon la CGT, en vue d'un prolongement de la procédure théoriquement close mercredi par le CCE.
"Nous, on reste mobilisés parce qu'on n'a pas le droit d'en rester là. On n'a aucun retour, rien de concret. On se bat pour la Seita, mais aussi pour toutes les entreprises françaises, car cette fermeture n'a pas lieu d'être", a déclaré à l'AFP David Rolandeau, délégué Sud Tabac.
"On a des collègues qui mettent leur vie en danger et il n'y a même pas un dialogue avec la direction. On en est au 16e jour de la grève de la faim et rien n'a changé", a déploré le syndicaliste.
Le mouvement de grève de la faim a débuté le 29 septembre. Depuis, trois des six premiers grévistes ont quitté les tentes dressées devant l'usine de Carquefou, mais deux autres ont pris le relais samedi et lundi, portant désormais leur nombre à cinq.
"Je suis là pour prouver qu'on ne lâchera rien, même après 16 jours de grève (...) Je suis très fatigué, je me déplace très peu et dors énormément", a expliqué Frédéric, le seul gréviste de la faim présent mardi dans le cortège dont il a pris la tête, en fauteuil roulant.
Après avoir défilé dans le centre-ville, les salariés ont investi en milieu de journée la cour de l'hôtel de ville, certains y brûlant leur carte d'électeur, avant de se diriger vers le siège de Nantes Métropole, où une délégation doit être reçue par la maire socialiste de Nantes.
"Si les politiques ne peuvent plus rien faire, si le gouvernement ne peut rien faire, on devient quoi ? Demain, on sera au chômage et à la charge de la société. (...) On ferme Carquefou pour produire en Pologne, c'est inacceptable", a lancé Patrice Prévaire, un salarié, assurant que "la bataille n'est pas terminée".
Un nouveau rassemblement est prévu jeudi devant le tribunal de grande instance de Nantes, où doit être examiné un recours en référé pour entrave à la consultation du comité d'entreprise.