BERLIN (Reuters) - Les conservateurs de la chancelière Angela Merkel obtiendraient une majorité absolue à la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag, si des élections législatives avaient lieu actuellement, à en croire un sondage rendu public dimanche.
Selon cette enquête de l'institut Emnid pour le Bild am Sonntag, les chrétiens-démocrates (CDU) et leurs alliés bavarois de l'Union social-chrétienne (CSU) obtiendraient 43% des suffrages, ce qui leur permettrait d'avoir une majorité absolue en sièges au Bundestag.
La chancelière est à la tête du gouvernement depuis 2005 mais gouverne actuellement en grande coalition avec les sociaux-démocrates du SPD. Jamais, depuis le troisième mandat du chancelier Konrad Adenauer, qui avait pris fin en 1961, la CDU-CSU n'a gouverné seule, avec l'appui d'une majorité absolue au parlement.
Pour la première fois depuis juin 2005, la CDU-CSU fait jeu égal avec tous les partis qui franchiraient le seuil de 5% nécessaire pour obtenir des élus au Bundestag, selon le sondage, réalisé auprès d'un échantillon de 1.860 personnes.
Le SPD recueillerait ainsi 24%, le Parti de gauche 9%, les Verts 10%. Le FDP et le parti eurosceptique AfD n'obtiendraient aucun élu au Bundestag faute d'atteindre le seuil des 5%.
Une majorité absolue au Bundestag permettrait aux conservateurs de gouverner sans faire de compromis sur des questions comme la réforme des retraites et le salaire minimum, comme ils ont dû le faire à l'issue de négociations avec le SPD sur la formation d'une grande coalition.
Angela Merkel a déjà partagé le pouvoir avec le SPD lors de son premier mandat de chancelière, puis avec les libéraux du FDP lors du second.
"UN EXCELLENT TRAVAIL"
Samedi, le magazine Der Spiegel écrivait qu'Angela Merkel avait décidé de briguer un quatrième mandat et commençait à préparer sa campagne en vue d'une réélection en 2017.
La chancelière, qui a fêté ses 61 ans le 17 juillet, n'a pas fait connaître publiquement ses intentions quant à un éventuel quatrième mandat, même si l'an dernier, dans un discours prononcé à Cologne, elle avait laissé entendre qu'elle se représenterait.
La Constitution allemande ne limite pas le nombre de mandats que peut exercer le chef du gouvernement et le précédent chancelier CDU, Helmut Kohl, a effectué quatre mandats consécutifs, soit seize ans à la tête du gouvernement, avant d'échouer face au social-démocrate Gerhard Schröder aux législatives de septembre 1998. Ni Kohl ni Schröder n'ont bénéficié d'une popularité aussi forte qu'Angela Merkel.
Dans un pays qui apprécie la stabilité, Angela Merkel n'est que le huitième chef de gouvernement de l'après-guerre et elle n'a face à elle aucun rival de taille actuellement au sein de la CDU.
"Merkel a de toute évidence décidé de se représenter en 2017", écrit Der Spiegel. Si la nouvelle était confirmée, elle réjouirait son parti, qui a besoin de sa popularité pour conserver la chancellerie après avoir subi une série de défaites au niveau des Länder.
La popularité d'Angela Merkel est telle en Allemagne qu'un dirigeant régional du SPD, le ministre-président du Land de Schleswig-Holstein, Torsten Albig, a déclaré récemment que le Parti social-démocrate ne devrait pas présenter de candidat face à elle en 2017. "Elle fait un excellent travail", a-t-il dit à la chaîne NDR.
(Paul Carrel, avec Erik Kirschbaum, Eric Faye pour le service français, édité par Patrick Vignal)