L'ancien négociateur en chef chinois pour le commerce a critiqué la stratégie de Pékin dans la guerre commerciale en cours avec les États-Unis, offrant un rare aperçu des divergences au sein des milieux politiques en Chine.
Long Yongtu, à la tête des négociations ayant mené à l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, a regretté l'application de surtaxes aux produits agricoles américains et notamment au soja, lors d'un forum organisé à Pékin par le média économique Caixin.
Il a dit avoir mis en garde les autorités, avant même que n'éclatent les mesures de rétorsion réciproques entre Pékin et Washington, leur déclarant: "j'espère que quand vous frapperez en retour, vous éviterez les produits agricoles", pour ne les cibler qu'en dernier recours.
"Au lieu de cela, dès le début nous frappons les produits agricoles et le soja", a-t-il commenté.
En juillet, Pékin a imposé des droits de douane supplémentaires sur une série de produits américains, en particulier sur le soja, sa principale importation des États-Unis, surtaxé de 25%. Une mesure de rétorsion après que l'administration du président américain Donald Trump eut infligé des droits de douane prohibitifs sur 34 milliards de dollars de marchandises chinoises en juillet, portés à 50 milliards en août, puis 250 milliards au total en septembre.
Les analystes ont souligné qu'en surtaxant les produits agricoles américains et notamment le soja, la Chine s'attaquait aussi à la base électorale du président Trump, comme les producteurs du Midwest.
"J'ai dit que d'après mon expérience du commerce sino-américain, les produits agricoles étaient un secteur très sensible, le soja est très sensible", a poursuivi M. Long, partisan de négociations avec les États-Unis qui mettraient de côté la rivalité stratégique des deux puissances économiques.
Mais son interlocutrice américaine lors de ce forum, comme lors des négociations à l'OMC il y a près de 20 ans, l'ancienne représentante au Commerce Charlene Barshefsky, a estimé que le fossé s'élargissait entre les deux pays.
"L'économie chinoise et sa politique économique ont pris un cours divergent de l'économie de marché... et cela s'est accéléré depuis quatre ou cinq ans", a jugé Mme Barshefsky.