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Les pauvres, toujours plus pauvres et victimes de préjugés, selon le Secours catholique

Publié le 09/11/2017 07:30
Mis à jour le 09/11/2017 08:15
Des personnes vivent dans des cabanes sur les quais de la Seine à Courbevoie, le 22 janvier 2015, près de Paris (Photo JACQUES DEMARTHON. AFP)

Des personnes vivent dans des cabanes sur les quais de la Seine à Courbevoie, le 22 janvier 2015, près de Paris (Photo JACQUES DEMARTHON. AFP)

"Ils font des enfants pour toucher des allocs", "ils profitent et ils fraudent", "le travail, si on cherche, on trouve": les plus pauvres sont toujours plus pauvres et victimes de préjugés, alerte le Secours catholique dans son rapport annuel publié jeudi.

En 2016, l'association a accueilli quelque 1,5 million de personnes, dont près de la moitié sont des enfants (700.000).

"Les enfants sont désormais majoritaires dans nos accueils", souligne le secrétaire général du Secours catholique, Bernard Thibaud, qui signale une "précarisation croissante des familles". La majorité de ces enfants (55%) vivent au sein de familles monoparentales, et 44% d'entre eux sont sous la responsabilité d'un adulte d'origine étrangère.

Mais les enfants vivant avec leurs deux parents n'ont pas non plus été épargnés: en 2016, les couples avec enfants ont représenté 24,2% des ménages accueillis, soit une augmentation de deux points en cinq ans. "En raison de la précarisation de l'emploi et du chômage de masse, le fait d'être en couple ne protège plus autant de la pauvreté que par le passé", explique M. Thibaud.

D'une manière générale, avec un revenu mensuel moyen qui a augmenté de seulement trois euros en six ans (passant à 548 euros en 2016, soit largement en-dessous du seuil de pauvreté fixé à 1.015 euros par mois), et face à une hausse constante du coût de la vie notamment du logement et de l'énergie, les plus pauvres sont de plus en plus pauvres.

Selon l'Insee, 9 millions de personnes vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté en France.

La proportion des ménages sans aucune ressource est en augmentation: un ménage sur cinq accueilli par le Secours catholique en 2016 est concerné. Ces ménages sont pour 53% d'entre eux des étrangers sans statut légal stable, qui n'ont pas le droit de travailler, ni de bénéficier des aides sociales.

"Cela met à mal le préjugé selon lequel les étrangers présents sur le sol français viennent en France pour profiter des aides sociales", relève Bernard Thibaud. Selon lui, les préjugés envers les pauvres se sont aggravés au cours des deux dernières années, minant la cohésion sociale.

- 'Honte et autocensure' -

"On dit qu'ils profitent du système mais ils sont nombreux à ne même pas connaître leurs droits", fait valoir le Secours catholique.

Selon l'association, 31% des ménages français ou étrangers éligibles aux allocations familiales n'en touchent pas. Il y a également 40% de non-recours au Revenu de solidarité active (RSA) en 2016, contre 38% en 2015. Selon l'Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), pour le seul RSA, 5,3 milliards d'euros ne sont pas versés à des ayants droit.

Le non-recours à la couverture maladie universelle complémentaire et à l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé représenterait 800 millions d'euros non versés.

"Ces pourcentages extrêmement élevés, et préoccupants, battent en brèche les préjugés et idées reçues colportées sur les personnes en situation de précarité. Une partie d'entre elles, importante, n'a pas accès à ses droits; par méconnaissance, par difficulté d'accès à l'administration mais aussi par honte et autocensure", explique le Secours catholique.

Après 20 ans à enchaîner les petits boulots, Valérie, 46 ans, est sans emploi depuis neuf mois à l'issue d'un énième contrat à durée déterminée. Tour à tour assistante commerciale, assistante administrative, comptable, elle a fait jusqu'à cinq heures de route pour aller au travail.

"Et on me demande si je fais exprès de quitter mes emplois!", s'indigne cette mère de famille aujourd'hui aussi grand-mère.

"On en a marre d'être considérés comme des feignants, marre des préjugés. On a de la volonté pour la plupart d'entre nous, mais ça n'est pas toujours suffisant", confie à l'AFP cette femme qui vit avec tout juste 1.000 euros par mois.

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