PARIS (Reuters) - Le cardinal Philippe Barbarin, qui avait été accusé d'avoir tardé à prendre des mesures contre des actes de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse, reconnaît des "erreurs" mais réaffirme n'avoir "rien couvert du tout", dans un entretien publié samedi dans Le Monde.
L'affaire du père Bernard Preynat, prêtre lyonnais soupçonné d'agressions sexuelles sur de jeunes scouts dont il avait la charge entre 1986 et 1991, a valu à Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, d'être visé par des plaintes pour non dénonciation. Elles ont été classées sans suite en août 2016.
"Je réalise aujourd'hui que ma réponse d'alors n'était pas à la mesure de l'enjeu", déclare l'archevêque de Lyon dans cette interview publiée à l'approche de l'Assomption, en expliquant qu'il avait été confronté à la question d'un signalement de faits qui dataient "d'il y a quinze ou vingt ans".
"Quand, en 2007, de façon informelle, je suis mis au courant de certains faits reprochés au père Preynat dans les années 1980, celui-ci me promet qu'il n'y a rien eu depuis 1991. J'ai cherché à vérifier, et on n'a rien trouvé", dit le cardinal Barbarin, en précisant "pour l’instant, pas un seul fait n'a été prouvé après 1991".
Pour autant, l'archevêque de Lyon estime avoir commis "une erreur" en ne relevant pas le père Preynat de son ministère en raison du caractère "très ancien" des faits reprochés. Bernard Preynat est resté en poste jusqu'à l'été 2015.
"Aujourd'hui, on n'agirait plus comme cela", dit le cardinal Barbarin en soulignant qu'il a, à deux reprises, "suspendu des prêtres et saisi la justice lorsqu'(il a) eu connaissance de faits récents, en 2006 et en 2014."
Le cardinal Barbarin estime cependant "injuste" qu'on lui reproche d'avoir dissimulé les faits.
"Comme l'ont dit et redit les magistrats du parquet, je n'ai rien couvert du tout", déclare-t-il au Monde, en indiquant avoir mis en place des mesures de contrôle et de prévention renforcées dans son diocèse.
Le cardinal Barbarin, qui devrait comparaître le 19 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Lyon à la demande de victimes présumées du père Bernard Preynat, précise également que le procès canonique - interne à l'Eglise - de ce dernier a été suspendu pour respecter la procédure judiciaire en cours.
(Myriam Rivet, édité par Pierre Serisier)