par Antonella Cinelli
ROME (Reuters) - Signé officiellement vendredi, l'accord d'alliance entre Alitalia et Etihad Airways doit permettre à cette dernière d'acquérir 49% du capital de la compagnie aérienne italienne en difficulté et de lui apporter 560 millions d'euros pour financer sa restructuration, qui passera par une sévère réduction des effectifs.
Cette signature marque l'aboutissement de huit mois de discussions entre les deux compagnies, la négociation des modalités de l'accord ayant longtemps achoppé sur les questions liées à l'emploi et à la restructuration de la dette d'Alitalia, exigée par Etihad.
Le président d'Alitalia Roberto Colaninno et son administrateur délégué Gabriele Del Torchio ont participé à la cérémonie de signature avec le directeur général d'Etihad James Hogan. "Après beaucoup d'efforts, une année de travail et de nombreuses soirées, nous y sommes arrivés", a déclaré à la presse Gabriele Del Torchio.
Pour compléter l'investissement de 560 millions d'euros d'Etihad, les actionnaires actuels d'Alitalia injecteront 300 millions dans le cadre d'une nouvelle augmentation de capital.
Les banques créancières du groupe italien ont aussi accepté le principe de 300 millions d'euros de nouvelles facilités de crédit et la restructuration de la dette libérera 598 millions supplémentaires, portant le montant total de l'opération à 1,758 milliard.
Alitalia, rarement bénéficiaire au cours de ses 68 années d'existence, a reçu de multiples aides publiques avant sa privatisation en 2008. Elle n'était jusqu'à présent parvenue à rester en activité que grâce à un plan de renflouement de 500 millions d'euros coordonné l'an dernier par le gouvernement.
En l'absence d'accord avec Etihad, elle risquait tout simplement de devoir cesser ses activités.
ALITALIA DOIT DEVENIR "SEXY" ET RENTABLE
L'entrée à son capital d'Etihad, propriété du très riche émirat d'Abou Dhabi, devrait permettre à Alitalia d'investir de nouveau dans ses liaisons long-courriers, les plus rentables, et de réduire sa dépendance au marché intérieur italien et aux liaisons régionales, un segment sur lequel elle souffre de la concurrence des compagnies "low cost" et des trains à grande vitesse.
Mais cette réorganisation pourrait passer par la suppression de 1.635 emplois. Etihad en réclamait 2.250 avant les pourparlers avec les syndicats du groupe.
James Hogan a déclaré qu'Alitalia, qui transporte 25 millions de passagers, était complémentaire d'Etihad.
"Il n'y a pas de destination plus enthousiasmante que l'Italie en Europe", a-t-il dit, ajoutant vouloir reconstruire la marque Alitalia. "Pour moi, la compagnie la plus sexy d'Europe, c'est Alitalia", a-t-il dit.
Etihad est déjà actionnaire de la compagnie allemande Air Berlin et de l'irlandaise Aer Lingus et cette nouvelle alliance lui permettra d'accélérer son développement sur le marché européen.
James Hogan a toutefois admis que le groupe italien se trouvait dans une situation financière difficile et qu'il faudrait du temps pour la redresser.
"Il n'y a pas de solution rapide", a-t-il dit. "Nous lançons un plan sur trois ans pour permettre à la compagnie de renouer avec la rentabilité d'ici 2017", a-t-il expliqué.
Pour y parvenir, Etihad prévoit notamment de transformer l'aéroport de Rome-Fiumicino un hub intercontinental, de développer les liaisons depuis Milan et de renforcer son activité de fret, a-t-il précisé.
(avec Steve Scherer et James Mackenzie,; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)